Une de mes grandes craintes quand j’étais enceinte de Bébé Singe était de revivre une dépression post-partum. Celle que j’avais vécue, à la suite à la naissance de P’tit Clown, avait duré environ six mois. Je suis donc très heureuse de pouvoir dire que ce coup-ci, je n’en fais pas.
Cela dit, je me rends compte de la pression que je me mets sur les épaules et du stress que ça engendre. P'tit Clown était un bon buveur. Il était un appétit sans fin. Il aurait mangé la table s’il
avait pu. Superpapa et moi suivions son appétit du mieux que l’on pouvait. Il se rendait toujours à la limite recommandée pour un bébé de son âge. Très inquiète, à l’époque, j’avais presque le numéro
d’info-santé sur le
speed dial.
Mon médecin m’a finalement donné un exemple qui m’a fait comprendre
comment gérer l’appétit de P’tit Clown. Il m’avait dit que dans un
buffet, la plupart du monde sait quand s’arrêter, mais que certains continuent jusqu’à être malade. C’était P’tit Clown. Il
fallait donc, que l’on décide pour lui quand arrêter et quand l’augmenter. J’étais la spécialiste des biberons pour bébé insatiable.
En ce moment, Bébé Singe a diminué la quantité de ses boires. Jusqu’à tout récemment, il buvait beaucoup, mais rejetait le biberon quand il en avait assez. Sa courbe de quantité montait toujours un peu, mais restait dans l’acceptable. Puis il y a un peu plus qu’une semaine, il s’est mis à refuser le biberon. Après trois ou quatre petites tétées, il faisait une crise de dégoût. Au début, c’était correct, mais après chaque biberon, je me suis mise à m’inquiéter. Ses quantités ont drastiquement diminué, mais restaient toujours dans les normes recommandées. Il ne fait pas de fièvre, il sourit et joue. Il fait des beaux dodos et des pipis et des cacas. Alors on me dit de ne pas m’inquiéter. Je comprends que je ne devrais pas, mais je suis toute crispée et j’ai toujours peur le soir de compiler la quantité de la journée.
En bons parents, nous avons essayé deux, trois petites choses pour voir si ce n’était pas le lait qu’il n’aimait plus ou s’il a mal au ventre ou si, ou si… Rien n’y fait, il diminue ses quantités et moi ça me fait paniquer. J’ai peur qu’il y ait quelque chose là-dessous que je ne vois pas. J’ai peur qu’il soit malade et que l’on ne fasse rien pour l’aider. J’aurais besoin qu’il suive une diète définie et stricte, mais les bébés ne sont pas comme ça. Alors la plupart du temps, je fais comme si de rien était. Seul Superpapa sait à quel point ça me tourmente.
Ce coup-ci, je ne fais pas de dépression, mais je réalise combien j’angoisse pour tout et pour rien. Je suis une personne qui aime avoir le contrôle sur ce qui m’entoure et là je ne l’ai pas. J’aime l’ordre et la routine et là elle n’existe pas. Je suis donc mal à l’aise. Je vois combien il serait facile de retomber dans un cercle vicieux et de me sentir responsable de tout. Je vois que je pourrais facilement dire que je ne suis pas à la hauteur. Je me redis souvent une phrase que je disais pendant ma dépression après P’tit Clown. "Ce bébé est tellement parfait, et moi non. Je n’arriverais jamais à lui offrir tout ce qu’il mérite, à satisfaire tous ses besoins".
J’ai appris avec P’tit Clown qu’une maman est tout ce que les enfants ont réellement besoin (et un papa, bien sûr). Cela dit, en ce moment, devant le manque d’appétit de Bébé Singe, je me sens désarmée et affolée. J’ai juste hâte que ça passe. Bien que selon toutes les normes établies, il est correct. Ah la la, c’est pas facile de se laisser aller et de faire confiance que tout est normal, même si ça ne se passe pas exactement comme dans le
Mieux vivre avec son enfant.
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