De : Anik ---
Envoyé : 25 mai 2009 ---
À : Julie ---
Objet : Une journée parfaite ---
Allô Julie! ---
Comment vas-tu? Moi, ça va parfaitement. Scénario de ma journée d’hier (attention, ton côté imparfait pourrait être choqué) :
Les enfants se sont levés à 7h30, juste assez tard pour que je roupille un peu, mais juste assez tôt pour que tout le monde soit prêt pour l’autobus scolaire et le départ pour la garderie. Au déjeuner, nous avons mangé des gaufres maison assorties de fruits et j’avais préparé du jus d’orange fraîchement pressé. Alors que les filles mangeaient tranquillement, je lisais un roman en sirotant mon thé. Philosophe a pensé à nettoyer la table après le déjeuner et Dynamite a ramassé la vaisselle. PetitAnge a mangé son yogourt comme une grande, sans que j’aie besoin de la nettoyer des cheveux aux orteils. Je suis allée porter les filles à la garderie et elles chantaient de joie de passer une autre journée en dehors du cocon familial. « Je veux aller à la garderie, maman, vite ! On s’en va ! ».
De retour à la maison, j’ai attaqué ma journée de travail avec une énergie incroyable, si bien qu’à 15h00, j’avais tout terminé. J’ai mangé une bonne petite salade santé pour dîner, et pendant ma pause de l’après-midi, j’ai eu le temps de faire mon ménage de salle de bain. Un peu avant que Philosophe ne revienne de l’école, je suis allée faire de l’exercice dehors. Le climat était idéal et je patinais sans que mon esprit ne soit troublé par aucune considération familiale ou personnelle. Je suis revenue à la maison et j’ai pris un spa puis une douche. Je me suis fait les cheveux, je me suis maquillée et j’ai mis ma jupe blanche, celle que mes enfants ne salissent jamais en mettant leurs mains dessus.
Philosophe est revenue et nous sommes allées chercher ses sœurs. À notre retour, j’ai entamé le souper (un 4 services, avec canard comme plat principal) pendant que les enfants jouaient tranquillement sans me demander « Quand est-ce qu’on mange ? ». Mon mari est rentré à l’heure du boulot et je l’ai accueilli en lui donnant un baiser qui laissait présager de mes intentions, une fois que les enfants seraient couchés. Comme je suis très compréhensive face à ses longues heures de travail, je lui ai tendu son journal pendant que je dressais la table, avec chandelles et bouquet de fleurs fraîches. Nous avons mangé dans l’harmonie la plus totale, sans que personne n’échappe son verre de lait. Les filles ont ensuite pris leur bain, brossé leurs dents pendant 2 minutes, puis sont allées se coucher sans mot dire. Quelle belle journée, dans le calme, le bonheur et l’énergie !
Ai-je réussi à te faire avaler tout cela ? J’ose croire que non. Mes journées sont loin d’être aussi parfaites. Les dégâts de nourriture, les crises pour ne pas aller à la garderie, les cheveux en bataille, les repas vite faits même pas de légumes, la pluie et une humeur massacrante, la fatigue et la course font souvent partie de mon quotidien imparfait. Même si la Bree Van de Kamp en moi (tu écoutes Beautés désespérées ?) hurle parfois devant de telles imperfections, la maman en moi sait bien qu’elles sont plus que normales. La famille, cela «imperfectionnise» à coup sûr, tu ne trouves pas ? J’étais si parfaite, moi, avant d’être maman ! ;o)
A+
Anik
De : Julie
Envoyé : 24 mai 2009
À : Anik
Objet : RE : Une journée parfaite
Allô!
J’avoue, j’ai commencé à douter aux gaufres maison, mais j’ai découvert le pot-aux-roses à la jupe blanche!
Ouch! Ce n’est pas simple de te répondre, car tu parles à une éternelle insatisfaite, à une éternelle compliquée. Ne crains pas, je persévère dans ma résolution de la semaine dernière, à savoir d’être plus positive quand on me demande de mes nouvelles. Alors, je ne m’étendrai pas sur tous les petits détails qui m’empêchent de voir que j’ai de la chance dans la vie.
Mais ce que je me demande par contre, c’est d’où ça me vient cette mauvaise habitude qui souvent me cause du tort ? Aussi loin que je me souvienne, ça me prenait 100% pour être satisfaite de ma performance à l’école. Imagine alors ma honte d’avoir eu zéro pour m’être fait prendre à tricher en chimie de secondaire 4 (moi et les sciences!)! Imagine ma décrépitude en maths 203 quand l’examen final comportait quatre problèmes de 25% chacun, que j’en ai manqué un et oublié un autre au verso d’une feuille? Je n’en ai pas dormi pendant des nuits. Je n’étais donc pas parfaite avant d’être mère, mais j’étais une candidate très sérieuse qui aspirait à ce titre très convoité.
Les références Web que tu publieras vendredi disent qu’il y a une grande part héréditaire et culturelle. Ça vient de ma mère? Je ne peux pas croire : pauvre elle c’est toute une accusation! C’est vrai que dans sa lingerie, il faut déplier les draps pour vérifier s’ils sont des draps-contours ou s’ils sont plats. Je ne blague pas, c’est la seule que je connais qui peut remballer un item hyper compliqué dans une boîte et le rapporter au magasin confondant complètement la pauvre employée qui n’y voit que dalle. Alors, ça vient de ma grand-mère? Qui voudrait lancer le blâme à une dame qui a accueilli dans sa maison trois enfants qui avaient moins de chance et qui n’étaient pourtant pas les siens?
Je prends le blâme. Je pense que ça vient de moi, tout simplement. Mais ce que je me demande, en tant que mère imparfaite qui se découvre c’est, vais-je transmettre ce gène défectueux à mes enfants? Ont-ils déjà conscience que ça me prend tout mon petit change pour tourner les coins une petite affaire plus ronds? Se rendent-ils compte que je me ronge les ongles parce que je m’en fais beaucoup trop si les choses ne se passent pas comme je l’aimerais?
Dieu que ce blogue est salvateur! En observant les anecdotes qui pourraient être intéressantes à raconter, ça me permet de m’ouvrir les yeux sur des détails qui passeraient autrement inaperçus. Le sourire pleines gencives de Frérot, les blagues somme toute assez bonnes de PapaZen, les perles de PetiteSoeur en apprentissage du langage des grands et les pas que GrandeSoeur fait vers l’autonomie…
Mieux vaut (faire l’effort de) me concentrer sur des petits moments parfaits qui arrivent inévitablement chaque jour que de garder mes yeux rivés sur LA perfection impossible à atteindre, non?
Je chemine, je chemine…
Julie
Crédits photo: © GrandeSoeur, "Maman: parfaite ou non?"
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Envoyé : 25 mai 2009 ---
À : Julie ---
Objet : Une journée parfaite ---
Allô Julie! ---
Comment vas-tu? Moi, ça va parfaitement. Scénario de ma journée d’hier (attention, ton côté imparfait pourrait être choqué) :
Les enfants se sont levés à 7h30, juste assez tard pour que je roupille un peu, mais juste assez tôt pour que tout le monde soit prêt pour l’autobus scolaire et le départ pour la garderie. Au déjeuner, nous avons mangé des gaufres maison assorties de fruits et j’avais préparé du jus d’orange fraîchement pressé. Alors que les filles mangeaient tranquillement, je lisais un roman en sirotant mon thé. Philosophe a pensé à nettoyer la table après le déjeuner et Dynamite a ramassé la vaisselle. PetitAnge a mangé son yogourt comme une grande, sans que j’aie besoin de la nettoyer des cheveux aux orteils. Je suis allée porter les filles à la garderie et elles chantaient de joie de passer une autre journée en dehors du cocon familial. « Je veux aller à la garderie, maman, vite ! On s’en va ! ».
De retour à la maison, j’ai attaqué ma journée de travail avec une énergie incroyable, si bien qu’à 15h00, j’avais tout terminé. J’ai mangé une bonne petite salade santé pour dîner, et pendant ma pause de l’après-midi, j’ai eu le temps de faire mon ménage de salle de bain. Un peu avant que Philosophe ne revienne de l’école, je suis allée faire de l’exercice dehors. Le climat était idéal et je patinais sans que mon esprit ne soit troublé par aucune considération familiale ou personnelle. Je suis revenue à la maison et j’ai pris un spa puis une douche. Je me suis fait les cheveux, je me suis maquillée et j’ai mis ma jupe blanche, celle que mes enfants ne salissent jamais en mettant leurs mains dessus.
Philosophe est revenue et nous sommes allées chercher ses sœurs. À notre retour, j’ai entamé le souper (un 4 services, avec canard comme plat principal) pendant que les enfants jouaient tranquillement sans me demander « Quand est-ce qu’on mange ? ». Mon mari est rentré à l’heure du boulot et je l’ai accueilli en lui donnant un baiser qui laissait présager de mes intentions, une fois que les enfants seraient couchés. Comme je suis très compréhensive face à ses longues heures de travail, je lui ai tendu son journal pendant que je dressais la table, avec chandelles et bouquet de fleurs fraîches. Nous avons mangé dans l’harmonie la plus totale, sans que personne n’échappe son verre de lait. Les filles ont ensuite pris leur bain, brossé leurs dents pendant 2 minutes, puis sont allées se coucher sans mot dire. Quelle belle journée, dans le calme, le bonheur et l’énergie !
Ai-je réussi à te faire avaler tout cela ? J’ose croire que non. Mes journées sont loin d’être aussi parfaites. Les dégâts de nourriture, les crises pour ne pas aller à la garderie, les cheveux en bataille, les repas vite faits même pas de légumes, la pluie et une humeur massacrante, la fatigue et la course font souvent partie de mon quotidien imparfait. Même si la Bree Van de Kamp en moi (tu écoutes Beautés désespérées ?) hurle parfois devant de telles imperfections, la maman en moi sait bien qu’elles sont plus que normales. La famille, cela «imperfectionnise» à coup sûr, tu ne trouves pas ? J’étais si parfaite, moi, avant d’être maman ! ;o)
A+
Anik
Julie répond à Anik
De : Julie
Envoyé : 24 mai 2009
À : Anik
Objet : RE : Une journée parfaite
Allô!
J’avoue, j’ai commencé à douter aux gaufres maison, mais j’ai découvert le pot-aux-roses à la jupe blanche!
Ouch! Ce n’est pas simple de te répondre, car tu parles à une éternelle insatisfaite, à une éternelle compliquée. Ne crains pas, je persévère dans ma résolution de la semaine dernière, à savoir d’être plus positive quand on me demande de mes nouvelles. Alors, je ne m’étendrai pas sur tous les petits détails qui m’empêchent de voir que j’ai de la chance dans la vie.
Mais ce que je me demande par contre, c’est d’où ça me vient cette mauvaise habitude qui souvent me cause du tort ? Aussi loin que je me souvienne, ça me prenait 100% pour être satisfaite de ma performance à l’école. Imagine alors ma honte d’avoir eu zéro pour m’être fait prendre à tricher en chimie de secondaire 4 (moi et les sciences!)! Imagine ma décrépitude en maths 203 quand l’examen final comportait quatre problèmes de 25% chacun, que j’en ai manqué un et oublié un autre au verso d’une feuille? Je n’en ai pas dormi pendant des nuits. Je n’étais donc pas parfaite avant d’être mère, mais j’étais une candidate très sérieuse qui aspirait à ce titre très convoité.
Les références Web que tu publieras vendredi disent qu’il y a une grande part héréditaire et culturelle. Ça vient de ma mère? Je ne peux pas croire : pauvre elle c’est toute une accusation! C’est vrai que dans sa lingerie, il faut déplier les draps pour vérifier s’ils sont des draps-contours ou s’ils sont plats. Je ne blague pas, c’est la seule que je connais qui peut remballer un item hyper compliqué dans une boîte et le rapporter au magasin confondant complètement la pauvre employée qui n’y voit que dalle. Alors, ça vient de ma grand-mère? Qui voudrait lancer le blâme à une dame qui a accueilli dans sa maison trois enfants qui avaient moins de chance et qui n’étaient pourtant pas les siens?
Je prends le blâme. Je pense que ça vient de moi, tout simplement. Mais ce que je me demande, en tant que mère imparfaite qui se découvre c’est, vais-je transmettre ce gène défectueux à mes enfants? Ont-ils déjà conscience que ça me prend tout mon petit change pour tourner les coins une petite affaire plus ronds? Se rendent-ils compte que je me ronge les ongles parce que je m’en fais beaucoup trop si les choses ne se passent pas comme je l’aimerais?
Dieu que ce blogue est salvateur! En observant les anecdotes qui pourraient être intéressantes à raconter, ça me permet de m’ouvrir les yeux sur des détails qui passeraient autrement inaperçus. Le sourire pleines gencives de Frérot, les blagues somme toute assez bonnes de PapaZen, les perles de PetiteSoeur en apprentissage du langage des grands et les pas que GrandeSoeur fait vers l’autonomie…
Mieux vaut (faire l’effort de) me concentrer sur des petits moments parfaits qui arrivent inévitablement chaque jour que de garder mes yeux rivés sur LA perfection impossible à atteindre, non?
Je chemine, je chemine…
Julie
Crédits photo: © GrandeSoeur, "Maman: parfaite ou non?"