Pâques à six ans

Publié par Evely le jeudi, avril 21, 2011
Je devais avoir six ans. Oui, c’était à six ans, parce que j’avais cette horrible coupe de cheveux à la Nathalie Simard. La neige était complètement fondue et le soleil réchauffait de plus en plus les journées printanières. Maman m’avait mis mes bas collants blancs en laine, ma jupe écossaise, mon chandail blanc que je n’avais jamais le droit de mettre parce que je le tachais à chaque fois sans faire exprès et un veston style collège privé à la garçonne. Elle avait passé des heures à me faire la courbe parfaite de Mireille Mathieu dans mes cheveux rebelles. Elle m’avait acheté une paire de souliers inconfortables et trop brillants que je devais mettre, puis elle m'avait dit d’attendre au salon pendant qu’elle préparait mon frérot grano. Quand il est sorti de la salle de bain, il avait l’air d’un enfant de chœur. Je le sentais aussi réfractaire à cette accoutrement que moi. Évidemment, aux yeux de maman, nous étions beaux à croquer.

Comme à l’habitude, nous sommes allés à l’église. C’était dimanche, après tout. Bizarrement, l’église était bondée. Ça n’arrive qu’à Noël des trucs comme ça. Il y avait des familles partout et leurs membres étaient tous aussi bien sapés que nous et les enfants, aussi malheureux. Du haut de mes six ans, je me souviens que le curé n’en finissait plus de radoter à propos de Jésus et de quand il s’est réveillé dans son tombeau. Maman m’avait dit qu’on appelait ça la résurrection. Moi, je me demandais si quelqu’un allait me « résurrecter » après la messe. « Ressuscité » m’avait corrigé frérot grano qui s’étouffait presque dans son col de chemise raide. Résurrecter, ressuscité, on s’en fout, il fait gros soleil dehors, qu’on en finisse avec Thomas qui n’y croit pas.

Finalement, le curé nous a renvoyés en nous bénissant du bout des doigts et en marmonnant quelque chose en latin. Le soleil se faisait plus radieux qu’à l’habitude. Maman était elle aussi radieuse. Elle portait une robe bleue aqua et verte turquoise avec un veston rose à épaulettes larges. Je suis certaine que si je revoyais aujourd’hui cet ensemble, je rirais. Après tout, c’était les années 80 et la mode était de mauvais goût, mais dans mon souvenir c’était le plus beau des ensembles et elle avait l’air d’une actrice qui s’accapare les regards de tous tellement elle était belle. Des tulipes de toutes les couleurs ornaient les plates bandes du voisinage. Les lilas commençaient subtilement à parfumer l’air encore humide. Les oiseaux étaient revenus du lointain pour faire leur récital de la saison nouvelle.

À notre retour à la maison, maman avais proposé que nous allions voir dans la cours arrière. Elle disait que ce matin, un lapin s’était promené dans le jardin et qu’il était peut-être encore là. Frérot grano s’était lancé dans les buissons à la recherche du lapin, mais il était ressorti avec des chocolats en forme de lapin. Maman m’avait expliqué que c’était Pâques et que le lapin avait caché des cadeaux dans le jardin pour nous. Je ne m’en souvenais pas, mais il paraît que ça arrive à chaque année depuis ma naissance.

J’ai trouvé plein de chocolats et un ballon. Je revois encore de mon ballon jaune et bleu. Il était magnifique et j’ai remporté plein de coupes du monde imaginaires grâce à lui et ce pendant les années qui suivirent. Après que nous ayons vidé le jardin de tous ses chocolats et cadeaux cachés, maman nous avait demandé de nous installer pour le brunch. La température était si belle que nous avons mangé dehors. Je dégustais les croissants et les petits pains à la confiture. J’aimais la sensation du soleil chaud mélangé à la brise fraîche.

Après le brunch, nous avons enfilé des vieux pantalons et nous avons joué au ballon jaune et bleu. Frérot, qui jouait dans une vraie ligue de soccer, était juste trop fort contre moi. La journée s’est estompée et le soir est arrivé trop vite à mon goût. J’ai eu le droit au chocolat du lapin comme dessert ce soir-là. Le chocolat avait vite disparu sous ma dent sucrée. J’avais déjà hâte à Pâques prochain.

À sept ans, je me souvenais de Pâques, alors la découverte était moins grande, sauf que cette année-là, il pleuvait. Je ne sais pas comment il a fait, mais le lapin était entré dans la maison pendant la messe et avait caché des chocolats partout et c’était une poupée qu’il avait laissé pour moi ce coup-ci. Après le brunch, nous avons passé l’après-midi à dessiner et à jouer.

Aujourd’hui, je regarde P’tit Clown et je me dis que je suis vraiment chanceuse de pouvoir lui offrir des souvenirs comme ma maman l’avait fait pour moi. J’aime l’imaginaire, la magie, les contes. Je serais dans les années à venir, un lapin, une fée des dents, un père Noël, une sorcière et tous ces personnages fantastiques qui font briller les jolis yeux enfantins. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point ça me rend heureuse.

Crédits photo: © LanyLane

1 bouteilles à la mer...:

Caro l'ergo on 21 avril 2011 à 19:29 a dit…

Je ne me souviens pas de mes Pâques d'enfance, mais ici la chasse aux oeufs a ses adeptes. Mes enfants ont hâte de retrouver leurs cousins chez papy et mamy et de partir pour la chasse aux oeufs dans la neige (il y a toujours de la neige chez papy et mamy à Pâques)...

Prêts, pas prêts allez!

Joyeuses Pâques!

 

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