Les Kzous vous connaissez ? Je suis une vraie Kzous. Demandez à Vieille copine. Elle rit toujours quand je retourne vérifier si ma cafetière est éteinte avant de quitter la maison. Vous savez, juste au cas où un problème électrique déclencherait un feu ou que le pot éclate sous la chaleur du réchaud. Je vérifie, même si je ne n’ai pas fait de café. Superpapa a pris l’habitude de m’attendre pour que j’aille aux toilettes, au cas où il n’y en aurait pas en route et qu’une envie soudaine me prenne. Belle-maman n’a jamais rien dit quand j’arrivais avec le sac de couches bien plein (lire trop plein). Elle n’a jamais commenté mes instructions sur papier et sur les Tupperware de purée. Celles qu’on écrit au cas où P’tit Clown se mettrait à pleurer de manière incontrôlable et qu’elle oublierait comment on s’occupe d’un bébé.
En passant, je ne fais plus ça, mais quand P’tit Clown était tout mini, j’étais une Kzous à la dix.
Être Kzous c’est héréditaire, je vous le confirme. Ma maman est une Kzous elle aussi. Chaque soir, elle se demande ce qu’elle va porter le lendemain. Elle sort les vêtements en question et le met sur sa commode, au cas où elle se lèverait en retard le matin et n’aurait pas assez de temps. À l’époque, je trouvais ça particulier : comment pouvait-on savoir comment on allait se sentir la journée suivante? L’habillement devrait dépendre de l’humeur. Eh bien, j’avoue, je fais la même chose aujourd’hui. Cependant, je ne sors pas le linge en avance, au cas où je changerais d’idée, mais je sais d’avance ce que je vais mettre.
Les Kzous peuvent être très utiles. Dans le cadre de mon travail, on les appelle les facteurs de risques. Trop souvent, les facteurs de risque sont laissés pour compte dans les projets et c’est quand on est nez à nez avec un problème qu’on fait appel à eux. Bref, on se sert des Kzous pour que tout roule sans problèmes.
Évidemment, les Kzous peuvent être extrêmement néfastes si on leur donne trop de place. À une certaine époque, ils sont arrivés à me paralyser et à détruire la qualité de ma vie. Je leur donnais trop d’importance, je ne voulais pas prendre des risques inutiles, donc je ne faisais rien. Au pire, on peut développer des tics et ne pas marcher sur les craques du trottoir au cas où le monde cesserait d’exister. Si on tombe dans l’extrême Kzous, on ne sort plus de chez soi, car on ne peut pas tout anticiper.
En fait, les Kzous sont des petites alarmes qui ne font que prévenir. J’ai tendance à faire des listes To do et des planifications dans chacun des aspects de ma vie. C’est ma manière de contrôler mes Kzous. Quand on les met sur papier, ça les calme. Parfois, on peut même jeter le papier tout de suite après.
Il y a quelques semaines, je paniquais parce que ma semaine était trop remplie. J’ai ouvert mon chiffrier et je me suis fait une grille horaire. J’ai mis toutes les tâches que j’avais à faire. Les Kzous qui me trottaient en tête, au cas où. Quand j’ai vu que j’allais avoir le temps de tout faire, j’ai lancé ma planification par-dessus mon épaule. L’effet a été instantané, mes Kzous ont diminué, parce que je me sentais en contrôle de la situation. Bon quand Superpapa a vu mon chiffrier, c’est lui qui a paniqué, mais juste parce qu’il trouve que je m’en mets trop sur les épaules.
Alors que fait-on quand on a des Kzous plein la tête? Moi, je les aime bien. Ce sont mes petites manies, mes petites angoisses, mes petits croches. Je ne veux pas qu’ils prennent trop de place, mais quand un drapeau rouge se lève, je suis aux aguets, prête à faire ce petit plus pour voir si tout est correct. Il faut arriver à relativiser. Certains Kzous sont de trop. Avec le temps, j’ai appris à ne plus vérifier si la cafetière est allumée et je ne me lève plus la nuit pour voir si P’tit Clown dort bien.
Crédits photo: © smee_me
Il y a 13 heures
2 bouteilles à la mer...:
Je suis tellement comme ça...
J'suis du genre à douter de moi si j'ai réellement barré la porte en partant et revenir sur mon chemin vérifier... Et elle était barrée!
Moi aussi je suis un peu comme ça, faut apprendre à ignorer ceux qui sont de trop.
Le soir je les écrit aussi pour m'en débarrasser et pouvoir dormir.
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