Le premier jeune homme qui m'a fait chavirer le cœur était un étudiant en philosophie. J’adorais l’écouter parler des grands philosophes. Ses yeux brillaient en évoquant ces grands penseurs. Il dénigrait certaines théories et adulait d’autres thèses. Dans son petit appartement, il refaisait l’humanité à sa manière. Notre relation a été de courte durée. Il m’a larguée sans préavis. En fait, j’avoue que durant toute cette relation, je n’ai pas dit grand-chose. Je l’écoutais. Je me demandais comment on pouvait être aussi convaincu. Probablement que pour lui, je n’étais pas assez opiniâtre. Mais je ne voyais pas comment l’être quand on parle de dogmes. Je suis pourtant terriblement opiniâtre sur plein des sujets.
Il y a plusieurs années de ça, je passais la journée avec un jeune homme qui faisait palpiter mon cœur. Nous marchions dans les Bois-de-Coulonge sous les feuilles d’automne qui tombaient sur le sol frais. Nous parlions de tout, mais surtout de nous. Après tout, nous apprenions à nous connaître. C’était seulement notre deuxième rendez-vous. Ça a aussi été le dernier. J’ai déchanté rapidement de ses beaux yeux noirs d’artiste. Alors que nous étions assis sur un banc à se réchauffer au soleil, il m’a demandé « C’est quoi ta philosophie de vie ? » Prise au dépourvu, j’ai hésité. Puis je me suis dit rien ne valait la franchise. « Je n’en ai pas, je découvre encore la vie, je ne pourrais pas en faire une analyse qui me permettrait d’avoir une philosophie. Il y a trop de choses que je ne sais pas. » Ma réponse ne lui a pas plu. Il ne ma pas rappelée. Ce n’était pas grave: sa question ne m’avait pas plu non plus et je ne l’ai pas rappelé non plus!
Cela dit, ce moment m’a tout de même marquée. Aujourd’hui, je n’ai pas plus de réponse à cette question. Sauf pour des bons classiques du genre « ma philosophie, fais ce que tu peux, c’est toujours mieux que rien » ou « la vie est ce qu’elle est. Après cette courte fréquentation, j’ai rencontré un autre jeune homme qui a fait bondir mon cœur. Son regard humble m’avait terriblement plu. Il était bouddhiste. Ça n’a pas duré non plus. Voyez-vous, c’est que les bouddhistes prônent le détachement matériel et émotionnel. Moi je suis passionnée, alors on ne pouvait pas s’entendre. J’aime beaucoup le bouddhisme, il y a beaucoup de beaux et de bons concepts dans leur doctrine. J'en applique certains, mais je vais pas virer moine demain, je peux vous le confirmer.
Alors que mon garçon grandit à une vitesse fulgurante, alors que la vie m’envoie à la fois des fleurs et des revers, je me dis qu’il n’y a qu’une seule vraie chose que l’on peut faire. Apprécier la vie telle quelle. Bien sûr que je philosophe, que j’analyse, que je cherche à comprendre le sens de tout ce qui m’entoure. Sauf que, voilà, je me dis qu’au-delà de toutes ces thèses sur la vie, la première et seule chose importante est d’en profiter. Il y aura toujours des jours pluvieux, mais si on s’arrête à ça, on ne découvrira les joies de danser sous la pluie chaude. Et Dieu sait que c’est plaisant.
J’essaie dans la vie d’être positive et de toujours voir mon verre à moitié plein. De son côté, Superpapa a tendance à la voir à moitié vide. Avec nos deux moitiés de verre, je me dis que le verre est bien plein. Il me ramène sur Terre et moi je le fais fabuler. Il embarque dans mes folies et moi dans les siennes. Il m’expose ses idées et respecte toujours les miennes.
À mon âge, je me trouve encore trop jeune pour avoir une philosophie de vie. Je ne sais toujours pas quels philosophes voient juste. Je ne sais pas non plus quel est le sens de la vie. Je peux juste vous dire que chaque matin, entre la chaleur de Superpapa et les câlins de P’tit Clown, je la sens douce cette vie qui aime trop souvent nous tester. Quand ma vie ne sera qu’un souvenir, je répondrais à mes anciens coups de cœur. Qui sait, ma réponse sera peut-être profonde et sage? Et sinon, je m’arrangerai pour dire quelque chose de comique et d'outrageusement déplacé.
Crédits photo: lartnouveauenfrance
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Il y a plusieurs années de ça, je passais la journée avec un jeune homme qui faisait palpiter mon cœur. Nous marchions dans les Bois-de-Coulonge sous les feuilles d’automne qui tombaient sur le sol frais. Nous parlions de tout, mais surtout de nous. Après tout, nous apprenions à nous connaître. C’était seulement notre deuxième rendez-vous. Ça a aussi été le dernier. J’ai déchanté rapidement de ses beaux yeux noirs d’artiste. Alors que nous étions assis sur un banc à se réchauffer au soleil, il m’a demandé « C’est quoi ta philosophie de vie ? » Prise au dépourvu, j’ai hésité. Puis je me suis dit rien ne valait la franchise. « Je n’en ai pas, je découvre encore la vie, je ne pourrais pas en faire une analyse qui me permettrait d’avoir une philosophie. Il y a trop de choses que je ne sais pas. » Ma réponse ne lui a pas plu. Il ne ma pas rappelée. Ce n’était pas grave: sa question ne m’avait pas plu non plus et je ne l’ai pas rappelé non plus!
Cela dit, ce moment m’a tout de même marquée. Aujourd’hui, je n’ai pas plus de réponse à cette question. Sauf pour des bons classiques du genre « ma philosophie, fais ce que tu peux, c’est toujours mieux que rien » ou « la vie est ce qu’elle est. Après cette courte fréquentation, j’ai rencontré un autre jeune homme qui a fait bondir mon cœur. Son regard humble m’avait terriblement plu. Il était bouddhiste. Ça n’a pas duré non plus. Voyez-vous, c’est que les bouddhistes prônent le détachement matériel et émotionnel. Moi je suis passionnée, alors on ne pouvait pas s’entendre. J’aime beaucoup le bouddhisme, il y a beaucoup de beaux et de bons concepts dans leur doctrine. J'en applique certains, mais je vais pas virer moine demain, je peux vous le confirmer.
Alors que mon garçon grandit à une vitesse fulgurante, alors que la vie m’envoie à la fois des fleurs et des revers, je me dis qu’il n’y a qu’une seule vraie chose que l’on peut faire. Apprécier la vie telle quelle. Bien sûr que je philosophe, que j’analyse, que je cherche à comprendre le sens de tout ce qui m’entoure. Sauf que, voilà, je me dis qu’au-delà de toutes ces thèses sur la vie, la première et seule chose importante est d’en profiter. Il y aura toujours des jours pluvieux, mais si on s’arrête à ça, on ne découvrira les joies de danser sous la pluie chaude. Et Dieu sait que c’est plaisant.
J’essaie dans la vie d’être positive et de toujours voir mon verre à moitié plein. De son côté, Superpapa a tendance à la voir à moitié vide. Avec nos deux moitiés de verre, je me dis que le verre est bien plein. Il me ramène sur Terre et moi je le fais fabuler. Il embarque dans mes folies et moi dans les siennes. Il m’expose ses idées et respecte toujours les miennes.
À mon âge, je me trouve encore trop jeune pour avoir une philosophie de vie. Je ne sais toujours pas quels philosophes voient juste. Je ne sais pas non plus quel est le sens de la vie. Je peux juste vous dire que chaque matin, entre la chaleur de Superpapa et les câlins de P’tit Clown, je la sens douce cette vie qui aime trop souvent nous tester. Quand ma vie ne sera qu’un souvenir, je répondrais à mes anciens coups de cœur. Qui sait, ma réponse sera peut-être profonde et sage? Et sinon, je m’arrangerai pour dire quelque chose de comique et d'outrageusement déplacé.
Crédits photo: lartnouveauenfrance