Entrevue Web: Comment Martin arrive à naviguer à deux et à négocier avec les flots

Publié par Julie le mardi, juin 22, 2010
À la fin de la première partie de notre entrevue de l'auteur et père Martin Larocque, je vous demandais quelle place votre conjoint avait prise dans votre vie familiale. À en constater par vos commentaires, je constate que plusieurs d'entre vous ont gagné le gros lot!

Pourtant, le métier de parent est exigeant. Il nous demande d'être alerte 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Voici comment Martin arrive à garder le cap, à marée haute comme à marée basse.

Julie
– Jasons couple... Ta blonde et toi semblez être très complices. Même si vous avez de la difficulté à finir vos phrases (!?), vous semblez avoir une bonne communication. Comment vous êtes-vous adaptés à votre vie de famille?

Martin - D’abord je ne serais pas le quart du père que je suis si je n’avais pas eu… elle! Nous aimons tous les deux avoir des enfants. Nous sommes différents à tout point de vue dans la pratique.

Julie – C’est vrai?

Martin hochant la tête - Nous sommes d’accord sur le fond. Mais la forme… ouf! Quel travail!!! Le langage papa et le langage maman n’est pas le même. Mais cette différence est souhaitable devant le défi de la parentalité. C’est plus complet. Mais il y a des discussions parfois trop longues sur les pratiques...

Julie, souriant en pensant à ce sentiment de déjà-vu - ...

Martin, poursuivant - Je te vois sourire… on se comprend! Il n’y a pas trente-six mille secrets : parler, parler, parler et parler… évidemment quand les p’tits loups dorment.

Julie, se remémorant une engueulade en bonne et du forme à 4 heures du matin – Ça, c'est quand ils dorment... D'ailleurs pour améliorer le travail d'équipe et éviter les frustrations, tu évoques dans une de tes chroniques la métaphore des ministères. À chacun ses ministères et fini les petites disputes au sein du couple. L’as-tu vraiment essayé?

Martin, coloré - Oui, parfois ça reste et parfois ça disparaît. Il y a eu plusieurs remaniements ministériels. Mais juste assez longs pour constater que c’est beaucoup moins stressant quand les ministères sont bien établis. Beaucoup de couples m’ont dit l’avoir appliqué et que ce fût un second début dans leur vie parentale. Vive le parent libre!!!

Julie, abordant une question existentielle - Dans ta lettre d’amour d’un père à une mère, tu te demandes si vos trois enfants vont vous user, toi et ta conjointe. Arrive-t-on jamais à répondre à cette question?

Martin - Oui. Ça s’appelle les chicanes de couple. Le divorce. L’amertume. La frustration. La séparation temporaire (sic!). L’usure à plusieurs visages. Parfois, c’est très catastrophique et parfois c’est un peu catastrophique.

Julie, espérant sincèrement ne pas s'être mis les pieds dans les plats et abordant un sujet plus léger comme le sexe, pour détendre l'atmosphère
– Voici un extrait souligné par mon amie Anik: « Et lorsqu’enfin nous touchons le lit, nous nous endormons, que dis-je nous nous évanouissons. Nous chassons dans un bâillement le dernier micron d’atome de désir qu’il nous restait… ». Quels ont été vos trucs pour vous donner du temps juste pour vous deux?

Martin, d'une franchise sans égal - Partir loin…sans enfants!!! C’tu assez clair?

Julie, surprise par l'évidence de cette réponse - Je suis fascinée par ta façon de te donner le droit à l’erreur dans tes interventions auprès de tes enfants. La culpabilité est un sentiment tellement plus commun. Comment y es-tu arrivé?

Martin, positif - Je pense que, bizarrement, je ne m’attendais à rien de la paternité. Sinon du plaisir. Et je me dis que, tant qu’à souhaiter des enfants comme je l’ai souhaité, je ne sombrerai sûrement pas dans le drame, la culpabilité, l’angoisse de l’échec, la peur de leur avenir, l’inquiétude des mauvaises interventions, la peur de ne pas avoir dit la bonne chose. Oh que nenni!!! Par contre, j’ai mes moments au quotidien, dans les petites choses. C’est certain que sur le coup je ne ris pas. Mais pas très longtemps après, je suis obligé de constater que ça m’amuse. Il n’y a rien de blanc ou noir dans ma vision de la paternité, mais je suis du type qui voit le verre d’eau toujours à moitié plein. J’ai me fait un plaisir de ne pas savoir. Parce qu’au fond, on ne le saura jamais....

Julie - On apprend tous les jours à être parent avec les enfants que nous avons. Tu dis qu’être père, ça va bien au-delà des couches et de la fatigue. Est-ce plus facile d’être père quand les enfants vieillissent?

Martin - Pour le moment oui. C’est plus amusant. Il y a plus de dialogue, de discussions, d’échanges d’idées. C’est passionnant (pas tous les jours) des les entendre créer leur monde à partir des idées qui les entourent et qu’ils essaient d'intégrer.

Julie - Que fais-tu différemment?

Martin - Je suis un plus grand observateur de par l’indépendance qui se crée naturellement. Ils ont leurs amis, leurs sorties, leur gang, leurs activités. Et papa n’est pas toujours le bienvenu. Donc je suis plus en stand-by. J’attends. Je les vois partir après l’école en vélo au parc (je ne ferai pas croire que je ne freak pas un peu) et j’attends. Ils reviennent avec plein de choses à raconter, à demander, à se faire confirmer, à soulager, à réparer (autant le vélo que le cœur). Moi ma job est d’être là. Ce qui est différent, c’est que je ne saurais jamais exactement d’où viennent les informations, de qui. Alors, je compose ma paternité avec ce qu’ils veulent bien me dire.

Julie - Tu dis faire des expériences pour tester les réactions de tes fils… comme de revenir à la maison avec un seul chandail neuf, mettre le doigt sur la durée idéale pour confisquer un ballon, découvrir quand exactement commence le « gossage », ou de t’asseoir sans rien faire jusqu’à ce qu’ils viennent butiner autour de toi. Quelles autres expériences as-tu faites?

Martin - Je n’ai pas d’exemple qui me vient. Mais sachez que ma paternité est un immense laboratoire. Tous les jours, je sors les éprouvettes et les microscopes et j’expérimente. Parfois ça me saute au visage et d’autre fois je reçois le Nobel de la Paternité.

Julie, aimant la métaphore - En as-tu tiré des constats qui pourraient nous être utiles?

Martin - La seule utilité que les autres peuvent en retirer est de savoir que toutes les expériences sont permises. Être parent c’est de l’essai/erreur. C’est tout. Ne cherchez plus. Voilà. Fin. Autant avoir du fun avec!!!

Julie - Les vacances s’en viennent. Tu aimes que l’agenda de tes enfants soit libre afin qu’ils puissent s’amuser seuls et les habituer à gérer le vide (quitte à les inscrire au camp de jour de l’ennui!). Comment y parviendras-tu cette année?

Martin - Ils ont chacun choisi d’aller dans un camp d’été (tous différents et tous loin!!!) ce qui va occuper 6 jours de leur été, et le reste je vous le dirai à la fin de l’été. Mais il n’y a vraiment rien à l’horaire. On verra!

Julie - Quels sont vos projets?

Martin, déjà en mode cool - J’aurai un chalet dans la région de Québec car je joue au Capitol tout l’été. Donc mon plus gros projet est de faire pas mal de BBQ, des pots de légumes marinés, et pis c’est pas mal ça. Ah oui…un mojito par jour. De la célèbre expression; « one mojito a day keeps the doctor away »…

Julie - Concluons... Le ciel est bleu, le père est calme quand :

Martin, épicurien - je cuisine seul…mmmmm

Julie - Je tourne au bleu marin quand...

Martin
- les gens me posent des questions stupides sur ma paternité.

Julie, espérant que les siennes ne soient pas tombées dans cette catégorie
- Sur mon île déserte, j’apporte...

Martin, avec la répartie qu'on lui connaît - Un livre sur l’art d’être seul sur une île déserte.

Julie
- La croisière s’amuse quand...

Martin
- la mère s’amuse…

Julie
- À la fin de mon périple, je saurai que je suis parvenu à bonne destination quand...

Martin, étonné - Y’a une fin???

Julie - Quand je suis trop fatigué d’être papa...

Martin
- je…quitte

Julie
- Mon plus beau souvenir de fête des Pères...

Martin, pince-sans-rire - Je n’en ai pas encore, mes gars ne sont pas encore assez riches.

Julie - J’ai déjà utilisé la lecture forcée d’un bouquin sur les hémérocalles du Québec pour calmer une dispute, mais j’ai déjà aussi :

Martin, terre-à-terre - fais semblant de n’avoir rien entendu.

Julie - J’ai déjà enseigné à mon fils comment faire semblant d’être malade pour faire l’école buissonnière. En famille, j’ai déjà aussi utilisé mes talents d’acteur pour arriver à mes fins quand…

Martin, original - je fais cuire un hippopotame !!!

Julie, crampée - Martin, ce fut un plaisir de partager ces instants avec toi... Je regrette juste de ne pas avoir apporté mon mojito! Merci pour ta confiance.

Martin, cordial - C'était très amusant et c'était un bel exercice pour moi.

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12 bouteilles à la mer...:

Caro l'ergo on 22 juin 2010 à 06:45 a dit…

Tu parles d'une question existencielle... Le droit à l'erreur!

Je ne suis pas une fille hyper exigente envers moi. J'aime que les choses soient bien faites et à la base je suis confiante et fonceuse alors si je fais un mauvais choix, je l'assume tout simplement.

Pour ce qui est de mon chum, il a la même philosophie alors il n'y a généralement pas de conflits à ce niveau. Toutefois, lorsque l'impact peut être plus grave, on prend la décision ensemble, alors si l'isssu est dramatique, personne ne peut blamer l'autre !

L'harmonie est préservée le plus souvent possible!

P.S. Ce que je dis est venu avec le temps et l'expérience, ça n'a pas toujours été ainsi, nous avons apris à naviguer ensemble et ça a value quelques ajustements afin d,en arriver ainsi...

Karocreations on 22 juin 2010 à 07:36 a dit…

Mouais un peu tôt pour philosopher ce matin, surtout que je n'ai pas encore fait mes 10km...
Quand l'éducation de mes enfants est un échec, et ca arrive...Je prends le temps de respirer par les deux narines...et j'essaie d'analyser ce qui ne va pas...En général, j'en parle avec Chéri, il a plus vite les idées claires...
Quelques soient les décisions on fait toujours front a deux, par contre il faut toujours qu'il y en ait un qui prenne le monopole de l'autorité, l'autre s'efface, ca évite que les enfants se sentent au pied du mur, et ainsi le dialogue est plus rapide. Il nous arrive de ne pas être d'accord sur les moyens utilises pour arriver a nos fins, pour les punitions, en général ca se règle sous l'oreiller...On ne se critique jamais devant les enfants (en fait on l'a déjà fait une fois et ca n'était pas terrible...)
Nous soupons régulièrement en tête a tête (sans les enfants)que ca fait du bien...Et on se prend toujours 1 semaine de vacances début septembre quand les enfants sont a l'école, c'est notre moment a nous...

Karo

Caroline (La Belle) on 22 juin 2010 à 08:39 a dit…

Ici le droit à l'erreur est essentiel. Sinon nous serions fous ! Nous ne sommes pas parfaits.

Pour notre vie de couple, il est primordiale que nous nous parlons régulièrement pour être sur la même longueur d'onde. Si un de nous fait une erreur, c'est tellement pas grave.

Pour notre vie de famille nous appliquons la même chose, mais nous faisons aussi confiance à l'autre lorsqu'il intervient. Si l'un n'est pas d'accord avec la méthode utilisé, nous en discutons ensemble pour la prochaine fois.

Je crois que c'est notre recette qui garde le calme dans le couple et la famille malgré les tempêtes ;-)

Sébastien Haton on 22 juin 2010 à 09:27 a dit…

Quelle belle entrevue !
J'ai bien ri devant le "remaniement ministériel", j'aime beaucoup les didascalies, aussi.

Maryse Mongeau on 22 juin 2010 à 13:33 a dit…

Je crois qu'il faut d'abord acceptée de ne pas être parfaite. Dans tous les domaines.
Ensuite, pour ne pas avoir l'air plus imparfaite que ce que l'on est vraiment, il faut savoir communiquer. S'assurer que l'autre comprend notre point de vue, et surtout accepter que le point de vue de l'autre est aussi valable que le nôtre.
En famille, j'imagine que ce sera aussi une question de communication, mais pour l'instant, comme mon fils n'a même pas 5 mois, quand je fais des erreurs, je me contente de savoir qu'il n'en gardera aucun souvenir.

Julie on 22 juin 2010 à 19:30 a dit…

@Caro
Il n'y a pas de moment pour les questions existentielles :-D
Confiante et fonceuse? Deux traits de personnalité enviés par plusieurs!

@Karo
Il n'y a pas d'heure pour la philosophie non plus :-D Une semaine de vacances tous les deux? Wow! J'aimerais!

@La Belle
La discussion est souvent un aspect que l'on néglige car on imagine cette bonne habitude acquise. Bravo pour votre communication!

@seb haton
C'est vrai que c'est imagé le remaniement ministériel, hein? Je pense amener le point à l'assemblée et faire voter une loi spéciale.
Merci pour le compliment sur les didascalies ;-)

@Maryse
Je me demande à quel âge nos enfants commencent à se rendre compte de nos bourdes :-D

Mamantroispointzero on 22 juin 2010 à 21:55 a dit…

Ce doit être extrêmement pénible de vivre avec quelqu'un de parfait. Donc je fais des erreurs pour le bien de mes enfants :-).
Blagues à part, accepter de ne pas être toujours parfait et reconnaître ses erreurs, c'est un bel exemple pour nos enfants je crois. Ça apprend aux enfants à mieux vivre avec leurs propres erreurs et à les corriger quand c'est possible.

Sara on 23 juin 2010 à 11:45 a dit…

Droit à l'erreur? On a toujours le droit le droit à l'erreur, mais on a aussi le devoir d'en parler ensemble après. Jamais devant les enfants, mais en discuter, même en deux mots, après. En fait le devoir de savoir qu'on a fait une erreur et de l'admettre.

On en fait tous les jours finalement des erreurs, mais ce sont aussi des moteurs si on sait s'en servir.

Julie on 23 juin 2010 à 19:34 a dit…

@maman 3.0
Mais c'est très bien de faire des erreurs quand on sert cet argument! J'ajoute à mes résolutions bien-être :-D

@sara
Ouf, admettre publiquement une erreur... j'ajoute aussi à mes résolutions bien-être!

Newton on 24 juin 2010 à 03:55 a dit…

Avoir et aimer des enfants, c'est se permettre le droit à l'erreur. La communication, c'est d'essayer d'en faire et d'en refaire consciemment le moins possible.

Unknown on 25 juin 2010 à 22:56 a dit…

a) Je veux une 2e chance!
b) Mais je n'aurai pas de doublé. Mon chum ne signera pas.
c) Je suis en période d'adaptation, de remises en question et d'ajustement et TOUT y passe!

Donc, j'ai un peu de difficulté à répondre aux questions. Mais disons que Papabooh et moi avons une vie pleine de défis et... D'amour!

Newton on 27 juin 2010 à 12:38 a dit…

@ Mamanbooh
On n'a jamais une deuxième chance de faire bonne impression.
Je suis sûre que tu t'es présentée au maximum de tes capacités la première fois! ;)

 

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