À la fin de la première partie de notre entrevue de l'auteur et père Martin Larocque, je vous demandais quelle place votre conjoint avait prise dans votre vie familiale. À en constater par vos commentaires, je constate que plusieurs d'entre vous ont gagné le gros lot!
Pourtant, le métier de parent est exigeant. Il nous demande d'être alerte 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Voici comment Martin arrive à garder le cap, à marée haute comme à marée basse.
Julie – Jasons couple... Ta blonde et toi semblez être très complices. Même si vous avez de la difficulté à finir vos phrases (!?), vous semblez avoir une bonne communication. Comment vous êtes-vous adaptés à votre vie de famille?
Martin - D’abord je ne serais pas le quart du père que je suis si je n’avais pas eu… elle! Nous aimons tous les deux avoir des enfants. Nous sommes différents à tout point de vue dans la pratique.
Julie – C’est vrai?
Martin hochant la tête - Nous sommes d’accord sur le fond. Mais la forme… ouf! Quel travail!!! Le langage papa et le langage maman n’est pas le même. Mais cette différence est souhaitable devant le défi de la parentalité. C’est plus complet. Mais il y a des discussions parfois trop longues sur les pratiques...
Julie, souriant en pensant à ce sentiment de déjà-vu - ...
Martin, poursuivant - Je te vois sourire… on se comprend! Il n’y a pas trente-six mille secrets : parler, parler, parler et parler… évidemment quand les p’tits loups dorment.
Julie, se remémorant une engueulade en bonne et du forme à 4 heures du matin – Ça, c'est quand ils dorment... D'ailleurs pour améliorer le travail d'équipe et éviter les frustrations, tu évoques dans une de tes chroniques la métaphore des ministères. À chacun ses ministères et fini les petites disputes au sein du couple. L’as-tu vraiment essayé?
Martin, coloré - Oui, parfois ça reste et parfois ça disparaît. Il y a eu plusieurs remaniements ministériels. Mais juste assez longs pour constater que c’est beaucoup moins stressant quand les ministères sont bien établis. Beaucoup de couples m’ont dit l’avoir appliqué et que ce fût un second début dans leur vie parentale. Vive le parent libre!!!
Julie, abordant une question existentielle - Dans ta lettre d’amour d’un père à une mère, tu te demandes si vos trois enfants vont vous user, toi et ta conjointe. Arrive-t-on jamais à répondre à cette question?
Martin - Oui. Ça s’appelle les chicanes de couple. Le divorce. L’amertume. La frustration. La séparation temporaire (sic!). L’usure à plusieurs visages. Parfois, c’est très catastrophique et parfois c’est un peu catastrophique.
Julie, espérant sincèrement ne pas s'être mis les pieds dans les plats et abordant un sujet plus léger comme le sexe, pour détendre l'atmosphère – Voici un extrait souligné par mon amie Anik: « Et lorsqu’enfin nous touchons le lit, nous nous endormons, que dis-je nous nous évanouissons. Nous chassons dans un bâillement le dernier micron d’atome de désir qu’il nous restait… ». Quels ont été vos trucs pour vous donner du temps juste pour vous deux?
Martin, d'une franchise sans égal - Partir loin…sans enfants!!! C’tu assez clair?
Julie, surprise par l'évidence de cette réponse - Je suis fascinée par ta façon de te donner le droit à l’erreur dans tes interventions auprès de tes enfants. La culpabilité est un sentiment tellement plus commun. Comment y es-tu arrivé?
Martin, positif - Je pense que, bizarrement, je ne m’attendais à rien de la paternité. Sinon du plaisir. Et je me dis que, tant qu’à souhaiter des enfants comme je l’ai souhaité, je ne sombrerai sûrement pas dans le drame, la culpabilité, l’angoisse de l’échec, la peur de leur avenir, l’inquiétude des mauvaises interventions, la peur de ne pas avoir dit la bonne chose. Oh que nenni!!! Par contre, j’ai mes moments au quotidien, dans les petites choses. C’est certain que sur le coup je ne ris pas. Mais pas très longtemps après, je suis obligé de constater que ça m’amuse. Il n’y a rien de blanc ou noir dans ma vision de la paternité, mais je suis du type qui voit le verre d’eau toujours à moitié plein. J’ai me fait un plaisir de ne pas savoir. Parce qu’au fond, on ne le saura jamais....
Julie - On apprend tous les jours à être parent avec les enfants que nous avons. Tu dis qu’être père, ça va bien au-delà des couches et de la fatigue. Est-ce plus facile d’être père quand les enfants vieillissent?
Martin - Pour le moment oui. C’est plus amusant. Il y a plus de dialogue, de discussions, d’échanges d’idées. C’est passionnant (pas tous les jours) des les entendre créer leur monde à partir des idées qui les entourent et qu’ils essaient d'intégrer.
Julie - Que fais-tu différemment?
Martin - Je suis un plus grand observateur de par l’indépendance qui se crée naturellement. Ils ont leurs amis, leurs sorties, leur gang, leurs activités. Et papa n’est pas toujours le bienvenu. Donc je suis plus en
stand-by. J’attends. Je les vois partir après l’école en vélo au parc (je ne ferai pas croire que je ne
freak pas un peu) et j’attends. Ils reviennent avec plein de choses à raconter, à demander, à se faire confirmer, à soulager, à réparer (autant le vélo que le cœur). Moi ma job est d’être là. Ce qui est différent, c’est que je ne saurais jamais exactement d’où viennent les informations, de qui. Alors, je compose ma paternité avec ce qu’ils veulent bien me dire.
Julie - Tu dis faire des expériences pour tester les réactions de tes fils… comme de revenir à la maison avec un seul chandail neuf, mettre le doigt sur la durée idéale pour confisquer un ballon, découvrir quand exactement commence le « gossage », ou de t’asseoir sans rien faire jusqu’à ce qu’ils viennent butiner autour de toi. Quelles autres expériences as-tu faites?
Martin - Je n’ai pas d’exemple qui me vient. Mais sachez que ma paternité est un immense laboratoire. Tous les jours, je sors les éprouvettes et les microscopes et j’expérimente. Parfois ça me saute au visage et d’autre fois je reçois le Nobel de la Paternité.
Julie, aimant la métaphore - En as-tu tiré des constats qui pourraient nous être utiles?
Martin - La seule utilité que les autres peuvent en retirer est de savoir que toutes les expériences sont permises. Être parent c’est de l’essai/erreur. C’est tout. Ne cherchez plus. Voilà. Fin. Autant avoir du fun avec!!!
Julie - Les vacances s’en viennent. Tu aimes que l’agenda de tes enfants soit libre afin qu’ils puissent s’amuser seuls et les habituer à gérer le vide (quitte à les inscrire au camp de jour de l’ennui!). Comment y parviendras-tu cette année?
Martin - Ils ont chacun choisi d’aller dans un camp d’été (tous différents et tous loin!!!) ce qui va occuper 6 jours de leur été, et le reste je vous le dirai à la fin de l’été. Mais il n’y a vraiment rien à l’horaire. On verra!
Julie - Quels sont vos projets?
Martin, déjà en mode cool - J’aurai un chalet dans la région de Québec car je joue au Capitol tout l’été. Donc mon plus gros projet est de faire pas mal de BBQ, des pots de légumes marinés, et pis c’est pas mal ça. Ah oui…un mojito par jour. De la célèbre expression; « one mojito a day keeps the doctor away »…
Julie - Concluons... Le ciel est bleu, le père est calme quand :
Martin, épicurien - je cuisine seul…mmmmm
Julie - Je tourne au bleu marin quand...
Martin - les gens me posent des questions stupides sur ma paternité.
Julie, espérant que les siennes ne soient pas tombées dans cette catégorie - Sur mon île déserte, j’apporte...
Martin, avec la répartie qu'on lui connaît - Un livre sur l’art d’être seul sur une île déserte.
Julie - La croisière s’amuse quand...
Martin - la mère s’amuse…
Julie - À la fin de mon périple, je saurai que je suis parvenu à bonne destination quand...
Martin, étonné - Y’a une fin???
Julie - Quand je suis trop fatigué d’être papa...
Martin - je…quitte
Julie - Mon plus beau souvenir de fête des Pères...
Martin, pince-sans-rire - Je n’en ai pas encore, mes gars ne sont pas encore assez riches.
Julie - J’ai déjà utilisé la lecture forcée d’un bouquin sur les hémérocalles du Québec pour calmer une dispute, mais j’ai déjà aussi :
Martin, terre-à-terre - fais semblant de n’avoir rien entendu.
Julie - J’ai déjà enseigné à mon fils comment faire semblant d’être malade pour faire l’école buissonnière. En famille, j’ai déjà aussi utilisé mes talents d’acteur pour arriver à mes fins quand…
Martin, original - je fais cuire un hippopotame !!!
Julie, crampée - Martin, ce fut un plaisir de partager ces instants avec toi... Je regrette juste de ne pas avoir apporté mon mojito! Merci pour ta confiance.
Martin, cordial - C'était très amusant et c'était un bel exercice pour moi.
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