Un moment de pur bonheur

Publié par Evely le jeudi, janvier 26, 2012
C’est un dimanche. P’tit Clown veut jouer avec son train de bois. Il est allé dans sa chambre, a sorti son coffre rouge et a commencé à construire le long chemin de fer sinueux dans sa chambre. Il aime beaucoup jouer avec son train. Il y a toujours un bonhomme méchant et des gentils. Il y a toujours un wagon méchant et des wagons gentils. Habituellement, le méchant finit par aller dans le coin et réfléchit à ce qu’il a fait. Superpapa fait la cuisine. Il popote joyeusement les repas de la semaine en écoutant la radio. Moi, je suis dans la salle à manger. Le nez bien collé à mon écran d’ordinateur en train d’analyser nos dépenses budgétaires. Mon oreille s’étire pour écouter les histoires que P’tit Clown invente dans sa chambre. Régulièrement, je jette un œil pour m’assurer que tout va bien quand il devient trop tranquille.

À un moment donné, P’tit Clown ferme sa porte.

- P’tit Clown ouvre ta porte.

- Pourquoi maman

- Pour que je te voie, aller ouvre ta porte sinon tu seras obligé de jouer dans la salle à manger

- Okay, mais pas plus que ça.

La porte s’entrouvre de moitié. Juste assez pour que je voie ce qui se passe et assez pour que P’tit Clown puisse nous oublier. Je n’ai pas peur de le laisser seul dans sa chambre. P’tit Clown n’a jamais mis des jouets dans sa bouche. Dans ses propres mots « C’est dégueulasse ». Il ne met pas les doigts dans les prises de courant et ne déplace pas ce qu’il n’a pas le droit de toucher, même dans sa chambre. Il a toujours été comme ça et si pendant le temps des Fêtes, il a une fois branché toutes les lumières de Noël lui même, il ne l’a plus refait quand on lui a dit que ce sont les grandes personnes qui font ça et pas les enfants. Je me souviens que quand il a commencé à se promener à quatre pattes, j’ai acheté des bidules pour bloquer les portes de la cuisine et de la salle de bain. Bref, pour chaque porte où l’on trouve des produits dangereux. Nous oublions toujours de les barrer. P’tit Clown, quant à lui, va toujours s’assurer qu’elles sont barrées et si elles ne le sont pas il me dit joyeusement :

- Maman, il faut barrer les tiroirs de la cuisine

- Euh, merci, c’est vrai.

La lumière du jour baisse tranquillement sur ce dimanche hivernal. P’tit Clown imagine son monde ferroviaire, Superpapa parfume la maison de légumes grillés et de viandes épicées et moi, je pianote sur mon clavier. Pendant un instant, je me suis souvenue combien j’aimais jouer seule dans ma chambre pendant que mes parents s’affairaient ailleurs. Je fermais la porte, je sortais mes poupées et j’imaginais des mondes incroyables dans lesquels une poupée de chiffon devenait une fée intrépide dans une jungle inhospitalière. Je jouais pendant des heures, jusqu’à ce que ma maman vienne me dire que le souper est servi bien après que le soleil se soit couché.

Un sourire se peint sur mon visage alors que je finis l’analyse de notre budget. Non pas parce que j’ai fini le travail, mais parce que P’tit Clown joue seul comme un grand dans sa chambre avec la porte juste assez ouverte pour que je le surveille, mais assez fermée pour qu’il soit grand. Du coin de l’œil, je le vois heureux comme un roi. Je me suis sentie privilégiée à cet instant de vivre un moment de pure simplicité et pur de bonheur. Depuis que je sais que je voulais une famille, ce moment familial est un de ceux qui me faisaient rêver. C’est chouette de l’apprécier et de le voir aussi beau que je l’imaginais.

Crédit photo: Licence CC 64k.be

4 bouteilles à la mer...:

Fleur d'âme on 27 janvier 2012 à 07:25 a dit…

J'imagine très bien la scène! Il est heureux ce P'tit Clown, c'est certain. Mes enfants aussi ferment la porte lorsqu'ils jouent dans la salle de jeux. Peut-être pour s'imprégner davantage par le jeu? Qui sait?

Evely on 27 janvier 2012 à 08:12 a dit…

@ Fleur d'âme

Je me souviens qu'enfant je fermais la porte pour deux raisons. La première était en effet pour s'imprégner dans mon jeu. Il n'existait que mon monde imaginaire. La deuxième était parce que je voulais pas qu'on m'écoute. Un peu comme si mes poupées étaient mon journal intime. C'était personnel. Bien sûr souvent je jouais avec mes voisines et on s'inventait des histoires et je faisais des pièces de théâtre, mais quand je fermais la porte de ma chambre, c'était parce que là c'était juste pour moi que je jouais...

Julie on 27 janvier 2012 à 08:29 a dit…

Mes trois enfants sont plutôt sages et il leur passe rarement par la tête de faire une "vraie" pitrerie. Quand ils jouent tranquillement, je les laisse dans leur monde. J'écoute pour surveiller, je demeure disponible, mais je prends surtout ce temps pour moi ;-)

Evely on 27 janvier 2012 à 08:51 a dit…

@ Julie

J'ai vraiment aimé ce moment à moi. Cette indépendance que mon fils développe est difficile pour la mère-poule que je suis, mais elle fait beaucoup de bien à la femme que je continue d'être. Un jour ou l'autre il sera grand et sa porte sera toujours fermée. En attendant c'est le bonheur ;o) Je trouve vraiment que ce moment définit assez bien ma vision de la maternité. Savoir les laisser vivre leur vie, mais avoir une oreille tendu et un oeil qui louche vers eu... par amour.

 

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