La complexité des boires

Publié par Evely le jeudi, juillet 05, 2012
Une de mes grandes craintes quand j’étais enceinte de Bébé Singe était de revivre une dépression post-partum. Celle que j’avais vécue, à la suite à la naissance de P’tit Clown, avait duré environ six mois. Je suis donc très heureuse de pouvoir dire que ce coup-ci, je n’en fais pas.

Cela dit, je me rends compte de la pression que je me mets sur les épaules et du stress que ça engendre. P'tit Clown était un bon buveur. Il était un appétit sans fin. Il aurait mangé la table s’il avait pu. Superpapa et moi suivions son appétit du mieux que l’on pouvait. Il se rendait toujours à la limite recommandée pour un bébé de son âge. Très inquiète, à l’époque, j’avais presque le numéro d’info-santé sur le speed dial.

Mon médecin m’a finalement donné un exemple qui m’a fait comprendre comment gérer l’appétit de P’tit Clown. Il m’avait dit que dans un buffet, la plupart du monde sait quand s’arrêter, mais que certains continuent jusqu’à être malade. C’était P’tit Clown. Il fallait donc, que l’on décide pour lui quand arrêter et quand l’augmenter. J’étais la spécialiste des biberons pour bébé insatiable.

En ce moment, Bébé Singe a diminué la quantité de ses boires. Jusqu’à tout récemment, il buvait beaucoup, mais rejetait le biberon quand il en avait assez. Sa courbe de quantité montait toujours un peu, mais restait dans l’acceptable. Puis il y a un peu plus qu’une semaine, il s’est mis à refuser le biberon. Après trois ou quatre petites tétées, il faisait une crise de dégoût. Au début, c’était correct, mais après chaque biberon, je me suis mise à m’inquiéter. Ses quantités ont drastiquement diminué, mais restaient toujours dans les normes recommandées. Il ne fait pas de fièvre, il sourit et joue. Il fait des beaux dodos et des pipis et des cacas. Alors on me dit de ne pas m’inquiéter. Je comprends que je ne devrais pas, mais je suis toute crispée et j’ai toujours peur le soir de compiler la quantité de la journée.

En bons parents, nous avons essayé deux, trois petites choses pour voir si ce n’était pas le lait qu’il n’aimait plus ou s’il a mal au ventre ou si, ou si… Rien n’y fait, il diminue ses quantités et moi ça me fait paniquer. J’ai peur qu’il y ait quelque chose là-dessous que je ne vois pas. J’ai peur qu’il soit malade et que l’on ne fasse rien pour l’aider. J’aurais besoin qu’il suive une diète définie et stricte, mais les bébés ne sont pas comme ça. Alors la plupart du temps, je fais comme si de rien était. Seul Superpapa sait à quel point ça me tourmente.

Ce coup-ci, je ne fais pas de dépression, mais je réalise combien j’angoisse pour tout et pour rien. Je suis une personne qui aime avoir le contrôle sur ce qui m’entoure et là je ne l’ai pas. J’aime l’ordre et la routine et là elle n’existe pas. Je suis donc mal à l’aise. Je vois combien il serait facile de retomber dans un cercle vicieux et de me sentir responsable de tout. Je vois que je pourrais facilement dire que je ne suis pas à la hauteur. Je me redis souvent une phrase que je disais pendant ma dépression après P’tit Clown. "Ce bébé est tellement parfait, et moi non. Je n’arriverais jamais à lui offrir tout ce qu’il mérite, à satisfaire tous ses besoins".

J’ai appris avec P’tit Clown qu’une maman est tout ce que les enfants ont réellement besoin (et un papa, bien sûr). Cela dit, en ce moment, devant le manque d’appétit de Bébé Singe, je me sens désarmée et affolée. J’ai juste hâte que ça passe. Bien que selon toutes les normes établies, il est correct. Ah la la, c’est pas facile de se laisser aller et de faire confiance que tout est normal, même si ça ne se passe pas exactement comme dans le Mieux vivre avec son enfant.

Crédit photo: Licence CC Dodger666

6 bouteilles à la mer...:

Angel on 5 juillet 2012 à 10:07 a dit…

Chère Evelyne,
Ton message me touche énormément. Je me revois tellement dans toutes ces interrogations.
J'ai bien l'impression que le petit dernier sait tout à fait quand dire non, quand il n'a plus envie du buffet, contrairement au premier.
Si tu as tout vérifier c'est donc que tout va bien :-) Je sais on continue quand même à s'en faire...

Joëlle on 6 juillet 2012 à 10:42 a dit…

s'il était allaité, vous ne sauriez pas les quantités qu'il prend et prendriez seulement en compte comment il va, s'il fait de beau pipi et prend bien du poids. C'est souvent d'arrêter de compter les quantités qui est le meilleur truc pour ne pas s'en faire. Même si c'est difficile...

Evely on 8 juillet 2012 à 20:55 a dit…

@ Angel
C'est bien ça le pire... on continue toujours à s'inquiéter. Ah ce sera beau la soirée où il rentrera un peu trop tard à mon goût.

@ Joëlle
Je regrette de ne pas avoir pu allaiter mes enfants. J'aurais vraiment aimé ça, mais pour me consoler je me dis qu'avec mon besoin de toujours tout organiser, c'était peut-être un moindre mal. Bien que je n'ai pas le contrôle sur ses boires, le fait de les écrire me fait un certain bien comme si je pouvais avoir un impact sur ses boires vu que je ne peux pas lui donner le sein.

Anonyme a dit…

ouf! je te comprends tellement. Moi aussi mon premier était un grand buveur et là mon tout petit de seulement 6 jours peine à prendre du poids et ne boit vraiment pas beaucoup. Il s'endort tout le temps en buvant et il est maintenant au bib sur recommandation des médecins parce qu'au sein c'était pire et son poids ne cessait de descendre. Les boires sont des moments d'angoisse pour moi et je fonds en larmes dès qu'il ne boit pas ce qu'il devrait. J'ai tendance à devenir anxieuse facilement et je me dis aussi qu'il faudrait aussi que je sois plus zen.. mais c'est pas facile, j'ai peur aussi qu'il ait quelque chose qu'on ne voit pas. J'ai hâte que ce soit derrière nous.

Evely on 9 juillet 2012 à 12:17 a dit…

@ Anonyme

Courage. Je suis avec toi. C'est un dur moment, mais ça ira. Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est correct d'être anxieuse. Je sais qu'on devrait être zen, mais je pense qu'on est mieux de vivre nos angoisses pour s'en libérer et après on travaillera sur être zen ;o)

Anonyme a dit…

Il existe tellement de pression autour du boire d'un bébé. Je crois que c'est culturel, car d'une culture à l'autre, il y a des différences, comme pour la nourriture. Au fond, si on cesse de penser aux quantités, aux heures, et que l'on regarde l'allaitement ou le boire comme étant aussi du simple maternage, le stress peut s'estomper tranquillement.

l'allaitement est le résultat d'un système qui fonctionne bien... un peu comme la sexualité. Comment se porte la maman, comment vit-elle son lien d'allaitement, comment va le bébé, prend-t-il bien le sein, lui donne-t-on à boire à son réveil (et non pas attendre qu'il soit en crise, il sera moins "compétent" pour boire), comment se vit la proximité, etc. Tant de questions pour s'aider à s'assouplir et reconnaître que ce n'est pas juste un sein ou un biberon qui nourrit, mais aussi une femme, une mère, une relation (peu importe qu'elle donne le sein ou le biberon). C'est avant tout la relation qui nourrit votre bébé. Oui le lait, mais c'est presque secondaire.

Je vous encourage à lâcher prise. Je vous encourage à vous ouvrir aussi aux autres cultures si cela est possible, parfois il y a des réponses intéressantes.
Je vous encourage à faire confiance au bébé. Ce sont probablement de fausses croyances qui vous maintient dans le stress.

À mon humble avis, ce n'est pas un médecin qui devrait vous dire quoi faire dans votre allaitement ou dans la nourriture. Je vous encourage à trouver d'autres manières de faire auprès de d'autres mamans.

Valérie

 

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