Petit dimanche pluvieux

Publié par Evely le jeudi, octobre 14, 2010
La pluie cogne sur la fenêtre. Mon œil n’est pas encore ouvert, mais mes oreilles perçoivent le bruit lointain des gouttes. Un autre son se distingue de plus en plus clairement au loin. Un gazouillis, non, un petit chant… non c’est mignonne petite question.

- « Maman? »

Le mot est mâchouillé dans les couvertures.

- « Maman? »

Un peu plus affirmé, mais encore imprégné de la nuit.

« Papa? »

On change les paroles, mais la mélodie est la même.

« Papa? »

L’ours à côté de moi bouge gauchement. Je me tourne vers lui. L’ours qui a tenu chaud mon lit pendant toute la nuit. Chaufferette de douillette !!! Il me regarde d’un œil qui ne veut pas voir la lumière du jour.

- « On se paie un luxe ? »

- «Ouais, payons-nous un luxe ».

La moitié des couvertures me revole dessus. L’ours quitte la chambre à pas lourds, mais feutrés. Je m’étire de long en large, de gauche à droite et de haut en bas. Mon corps refuse le réveil imposé. Je place gauchement les oreillers pour faire un petit trou au milieu. L’ours réapparait avec un ourson dans ses pattes confortables. Il le dépose délicatement à côté de moi et se recouche maladroitement dans le lit. Je mets les couvertures duveteuses sur les deux boules de sommeil. Je jette un regard rapide au réveille-matin. Trop tôt pour un dimanche matin. De toute manière, les deux amours viennent de retomber en hibernation matinale.

La pluie continue de faire des chorégraphies dans ma fenêtre sous une musique invisible. Mes paupières paressent devant mes yeux. Une petite main rose joue dans mes cheveux. Une grande main caresse mon bras. Je somnole au rythme du dimanche matin. Je ne pense à rien. À rien, sauf à ce moment. Le petit corps à côté de moi se tourne un peu vers son papa. Un bâillement enfantin, une main qui ne joue plus, mais qui se repose dans mes cheveux. Une grande jambe qui se replace sans conviction. Une grande main qui ne caresse plus mon bras, mais qui l’effleure tendrement. Moi, j’inspire profondément ce moment.

La lumière se fait tranquillement plus présente au travers de la fenêtre. Des voitures bourdonnent au loin. La pluie continue son récital. Ce moment, ce tendre moment. Cet instant, un bel instant tant mérité, tant désiré, tant aimé. Je retombe dans un sommeil comme mes deux amours qui ont la bouche ouverte en sourire béant.

Un doigt minuscule voyage sur mon visage. Il explore ma joue de son bout, il se hisse à ma paupière pour suivre le mouvement de mon œil caché dessous. Le doigt redescend à ma bouche. Il flatte ma lèvre et examine les détails de mon profil. J’ouvre le coin de mon œil. P’tit Clown me sourit à belles dents de lait sans pour autant délaisser son exploration de mon visage. Je me tourne vers lui pour qu’il me voie bien en entier. Superpapa me regarde aussi. Deux paires d’yeux amoureux sont rivées vers moi. P’tit Clown s’assoit dans le lit et se laisse tomber sur Superpapa. Superpapa le chatouille jusqu’à ce que les rires résonnent dans la pièce. La pluie tente de trouver le meilleur angle dans la fenêtre pour nous observer jalousement. P’tit Clown se laisse maintenant tomber sur moi. Je le bécote jusqu’à ce que tous les pores de son corps soient recouverts d’un bisou de maman. Les trois nous sommes ébouriffés, mais ce coup-ci bien réveillés.

-« Alors qui veut des crêpes ? » demande une voix profonde et un peu rauque.

- «Miam miam ? » répond une petite voix affamée.

- « Oui, allons manger, ouste, hors du lit mes deux ours! » dit une maman comblée.

Crédits photo: Licence CC Link_784

7 bouteilles à la mer...:

Caro l'ergo on 14 octobre 2010 à 06:47 a dit…

C'est tellement beau, tellement original. Tu m'as fait voyager à travers mes propres souvenirs...

Dimanche matin dernier, c'est le baiser d'un petit papillon qui est venu me réveiller, tout lentement, tendrement, comme s'il savait que les mamans ça se réveillent doucement avec des câlins.

Au plaisir de te relire.

Maryse Mongeau on 14 octobre 2010 à 09:33 a dit…

Quel beau dimanche matin!
J'envie même la pluie qui c'est collée à votre fenêtre.

Sébastien Haton on 14 octobre 2010 à 09:46 a dit…

Quel talent tu as pour raconter de tels moments de bonheur !
J'ai rarement lu avec autant de plaisir ce genre de récit court qui ne parle que de joie.

La Mère Michèle on 14 octobre 2010 à 12:39 a dit…

J'y étais! Juste là, en lisant!

;o)

Valérie on 14 octobre 2010 à 12:40 a dit…

C'est un peu le dimanche matin de rêve! Le plus beau, là-dedans, c'est que, même si on ne le vit pas à chaque semaine, on sait qu'il est là, à portée de main.

Merci de nous le rappeler

Evely on 14 octobre 2010 à 17:59 a dit…

Merci à tous. Ce sont de beaux moments que je chéris. J'aime les écrire comme pour les savourer encore et encore

gilcat on 14 octobre 2010 à 20:07 a dit…

Oui,quel talent tu possèdes pour nous décrire ces moments magiques...mais encore,c'est en sachant les reconnaître que tu nous donnes envie de nous y arrêter nous aussi!Merci Evely,c'est un véritable plaisir que de te lire.

 

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