Dans le fond d'une tasse de café

Publié par Evely le lundi, novembre 01, 2010
Il y a des parfums qui piquent le nez et qui nous font retrousser les orteils en même temps. Je pense ici à une couche bien pleine à la suite à une des expérimentations culinaires de Superpapa. Comme par hasard, Superpapa disparaît quand l’odeur de la couche embaume la pièce et que P’tit Clown chante « caca-caca-tada ».

Il y a aussi, et heureusement, des parfums qui réconfortent et qui sont empreints de chaleur. Dans mon cas, c’est l’odeur du café. Je ferais cent fois le tour du Tim Hortons quand un pot de café frais vient de finir de couler. Mon nez s’allonge de plaisir à l'odeur de la torréfaction qui aromatise la cafetière.

J’ai toujours aimé l’odeur du café. Je me souviens des samedis trrrrès tôt le matin où mon frère et moi allions en catimini dans le salon pour écouter les bonshommes. On regardait le « Ô Canada » et mon frère me serrait dans ses bras alors que je bavais outrageusement pour faire comme la petite fille et son petit frère le faisaient à la fin de l’hymne. Après, c’était La Cité d’or qui commençait. Nous ne faisions pas un bruit et le volume de la télé était presque inaudible. (C’est que nos parents étaient restaurateurs et qu’ils revenaient souvent du travail vers 2 heures du matin. Nous avons vite appris à respecter ce moment bien mérité de sommeil.)

Éventuellement, ma maman se levait avec l’oreiller encore imprégné sur la joue. Nous ne lui portions pas vraiment d’attention, surtout que Bugs Bunny venait encore de faire un coup pendable au chasseur. Elle disparaissait dans la cuisine et après quelques minutes une odeur de café parvenait. C’était le signal pour le petit déjeuner. La radio de la cuisine commentait les nouvelles du jour. Maman buvait tranquillement son café et Frérot grano et moi mangions nos Mini-Wheats. Nous racontions notre soirée avec Nathalie, notre gardienne, et nos plans pour la fin de semaine. J’adorais ce moment. Il définissait le passage du matin à l'enthousiasme du samedi et de toutes ses possibilités. Le café a un parfum de vie. La vie qui reprend, qui se réveille.

Je me souviens de ma première gorgée de café. Celle qui m’a fait découvrir que le parfum s’équivaut en goût. J’étais au cégep et je paniquais un peu. C’était en fin de session avant le temps des Fêtes. Le 14 décembre à 7h00, pour être plus que précise ou un peu trop précise. À cause d’un conflit d’horaire, notre examen de philosophie était devancé d’une heure, donc 7h00 du matin. La chose n’était pas si pire, surtout que j’étais prête. Je connaissais la matière et j'étais sûre de pouvoir décortiquer sans trop de mal les théories que le texte avançait.

Le hic, c’est que le soir d’avant j’avais été voir Radiohead en spectacle. Mon groupe favori de tous les temps et galaxies. Les copines et moi sommes rentrées si tard que mon Frérot grano ma suggéré de faire une nuit blanche, de prendre du café avant l’examen et de revenir me coucher après. Chose que j’ai faite. Ma première gorgée de café s’est prise en même temps que je donnais ma version de la signification de la caverne de Platon. Comment ne pas tomber amoureuse du café suite à ça? Un parfum que j’associe aux grands qui refont le monde et définissent l’humain et qui mène le monde par leur musique.

Plus tard quand j’ai déménagé à Québec, j’ai découvert un petit café-bistro qui s’appelle le Café Krieghoff. C’est aussi là que j’ai découvert les allongés, les mokas, les viennois, les cafés au lait et j’en passe. J’aimais l’odeur du café et le bruit de la machine expresso criante au travers des discussions des clients attablées. Je m’apportais un livre et je passais des heures à prendre un réchaud et à me perdre dans les fabuleux contes de Don Quichotte. J’interrompais ma lecture pour admirer tout le fourmillement dans lequel le bistro respirait. Aujourd’hui encore, quand une copine me propose d’aller prendre un café c’est inévitablement ma première suggestion. Le parfum des bistros où l’on aurait pu croiser Amélie Poulin au regard coquin.

Au travail, j’ai ma petite cafetière individuelle et je me fais un café en arrivant. Tous ceux qui passent proche de mon cubicule disent que ça sent bon le café. Je ne peux qu’approuver et étirer le nez pour humer le parfum réconfortant. Je rêve d’avoir une machine expresso à la maison, bien que je n’aie pas de place dans ma cuisine de schtroumpf pour ce type de machine. Je me dis qu’un jour, quand nous allons refaire la cuisine pour lui donner la vision que j’ai en tête, je pourrais l’agrémenter d’une belle machine expresso. En attendant, je prépare les cafés aux copains qui viennent souper pour que la soirée se prolonge encore un peu. Le café, pour moi, c’est le parfum des moments que l’on ne veut pas qu’ils finissent.

Cela dit, je dois aller changer la couche de P’tit Clown. Il pointe ses fesses en grimaçant et Superpapa est introuvable…

Crédits photo: Licence CC Sukigirl74

8 bouteilles à la mer...:

Anonyme a dit…

J'aime tellement ton texte... je m'y retrouve en le lisant en compagnie d'un bon café Tim Hortons...

Encore merci et bonnejournée,

Isabelle

grenouille verte on 1 novembre 2010 à 11:06 a dit…

Quel beau billet !! j'adore aussi l'odeur du bon café qui coule et des matins qui se prolongent.....vivement les bistros et les torréfacteurs qui donnent vie aux merveilleux moments !! xxx

Maryse Mongeau on 1 novembre 2010 à 13:14 a dit…

Quelle belle éloge du café! Tu le raconte tellement mieux que moi.

Bizz on 1 novembre 2010 à 14:59 a dit…

Le café, être indissociable de ma vie, mon compagnon de tous les matins, que je déguste lentement et en silence quand la maisonnée dort encore, ou en quelques gorgées à l'heure du petit déjeuner.
Ton éloge au café est splendide, j'ai presque envie de le faire lire à ma cafetière pour qu'elle sache à quel point je l'aime :)

La Mère Michèle on 1 novembre 2010 à 17:34 a dit…

"Le café, pour moi, c’est le parfum des moments que l’on ne veut pas qu’ils finissent."

Tout-à-fait moi! :)

Caro l'ergo on 1 novembre 2010 à 19:07 a dit…

Généralement, je prends mon café en lisant votre blog... ce matin, ce fut exeptionnel, on parle de café après mon passage... Je me reprends avec un thé ce soir!

Très beau billet. J'adore le café, son odeur, sa saveur... chez moi, c'est un un levé puis un au bureau!

Cora Chelté on 1 novembre 2010 à 19:58 a dit…

Quel beau texte pour parler de ce nectar que j'adore tant moi aussi. Ça donne envie de partir la cafetière. Moi aussi j'ai écrit sur le café dernièrement, mais ton texte est si beau, si littéraire. Wow! J'ai envie d'aller prendre un café avec toi... hi! hi! hi!

Evely on 1 novembre 2010 à 21:18 a dit…

@ Isabelle

N'est-ce pas merveilleux qui Tim Hortons vende leur café en épicerie. Je sais qu'il y a du monde qui ne l'aime pas, mais moi je le trouve délicieux

@ grenouille verte

il y a dans les bistros un je ne sais quoi qui fait que ces moments sont simples et bons

@ Maryse

Je viens de lire ton billet. Il est excellent. Merci de me le partager

@ Bizz

Me semble de voir la cafétière toute émue de l'éloge ;o)

@ La mère michèle

En plus c'est tellement vrai

@ Caro l'ergo

Tous les après-midis, au travail, je prends un thé. J'aime beaucoup découvrir cette vieille herbe qui est tellement bénifique pour le corps. Je bois avec toi !!!

@ Cora Chelté

Je viens de te lire. Je suis contente de voir qu'on aime toutes le café et faire son éloge. C'est tellement bon

 

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