Quand on est au sommet du monde

Publié par Evely le jeudi, avril 07, 2011
Dans mon cours de karaté il y a beaucoup de jeunes. Ils ont entre 13 et 18 ans. Ils sont plein de vie et parlent de tout et de rien, ils manquent un peu de concentration et rient beaucoup, souvent pour pas grand-chose.

Il fallait se mettre par deux pour un exercice et je me suis jumelée avec une jeune fille de 16 ans. Elle a les yeux brillants et un sourire radieux. Je la trouve vraiment jolie. Elle me rappelle cette belle époque qu’est l’adolescence. Ouf, faut avoir du recul pour dire que c’était une belle époque, mais en fin de compte, c’est tellement vrai. On oublie combien on se cherche à cette époque, combien c’est lourd d’être soi et on garde en poche les beaux moments légers et libres.

Je me souviens que j’avais plus de convictions que de connaissances, que j’étais utopique et prête au combat. À l’époque, je boycottais les vêtements de marque, j’avais les cheveux longs et j’écoutais Nirvana en me disant qu’ils avaient vraiment compris notre société. J’avoue que je n’ai pas tant changé, mais je suis moins catégorique, moins drastique. Disons que j’ai appris que tout n’est pas noir ou blanc, que l’on fait souvent les choses pour bien faire, mais qu’on n’a pas toujours le résultat escompté, qu’il faut mettre de l’eau dans son vin et que toutes les autres manières de faire se valent en fin de compte, car elles ont leur raison d’être aussi.

Je travaillais dès que j’ai eu même 16 ans. Pas le choix, si je voulais aller voir des spectacles avec mes copines, il fallait que je fasse des sous. J’aimais cette nouvelle responsabilité, en fait j’aimais toutes ces nouvelles responsabilités qui m’arrivaient de tous les côtés. Les gens font plus confiance en nos capacités quand on a 16 ans. J’avais le droit d’aller en ville pendant des journées de temps, sans devoir dire exactement ce que je faisais. Je pouvais trainer chez des copines jusqu’aux petites heures, tant que je ne faisais pas trop de bêtises. J’avais une liberté assez grande, bien que ma maman me mette quand même certaines limites. Avec le recul, je suis contente d’avoir eu certaines restrictions pour que je comprenne que j’étais encore une enfant, mais aussi avoir eu toute cette liberté pour que je puisse voir que j’étais presque une adulte.

C’était l’été que nous avions passé sur le bord de la piscine chez Véro, c’était le temps où nous végétions pendant nos soirées dans le sous-sol d’Any avec des fous rires intenses. Les journées de promenade à Montréal avec Genny jusqu’à la tombée de la nuit. Les manèges à la Ronde avec Karine en regardant les gars qui se pavanaient pour notre plaisir. C’était là que nous refaisions le monde en nous promettant de toujours rester ensemble. Moi, romantique qui rêvais d’amour et de voyages, je me disais que ce serait pour toujours. Je pensais que jamais je ne changerais, que jamais aucune d’entre nous n’allait changer.

Le temps fait son oeuvre. Plusieurs choses se sont passées et comme toujours chacune d’entre nous a fait du mieux qu’elle a pu. On s’est cognée contre la réalité, contre nous-mêmes pour différentes raisons et à différents moments, on s’est relevée une à une un peu désillusionnées légèrement changées et en fin de compte, on s’est perdue de vue. Certaines plus que d’autres, d’autres moins que certaines. Des fois avec les malentendus qui s’incrustent de manière venimeuse dans les amitiés sans vraie bonne raison, des fois dans la distance des choix et des visions, mais majoritairement tout simplement parce que le temps passe et que bien qu’on ne voulait pas perdre contact, on a juste plus trouvé le temps. Le temps s’est empilé sur le passé et n’a laissé que des souvenirs.

Enfin, quand je pense à ces filles, je pense à mes 16 ans et l’année de plaisir que l’on s’est fait. Ce temps avant que l’incontournable réalité vienne prendre ses droits et nous rappelle à l’ordre. Je regarde souvent mes photos de cette époque. Le chalet, la Ronde, la graduation, les soirées improvisées, le roller blade, l’alcool subtilement subtilisé et j’en passe, mais sur chacune de ces photos nous avons sourions avec sincérité de joie en se disant que rien ne changera.

Alors que je faisais l’exercice de karaté avec ma jeune partenaire, je me rendais compte que je la trouvais chanceuse. Elle est au début de cette nouvelle vie qui suit l’enfance. Elle a toutes ces embuches encore devant elle et ces beaux moments qui vont en fin de compte éclipser le reste dans ses souvenirs. J’avais le goût de lui dire d’en profiter, de savourer et surtout de ne jamais oublier ce que c’est que d’avoir 16 ans.

Je n’ai rien dit, je me rendais compte que ça aurait fait matante de dire tout ça.

Crédits photo: © Tommy Huynh

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