Petite et grande à la fois

Publié par Evely le jeudi, décembre 16, 2010
Quand j’étais petite fille je rêvais d’être une grande personne. Je voulais aller à l’université et mettre un chandail marqué Havard dessus, je fantasmais de déambuler les rues dans un tailleur avec une mallette à la main. Je m’imaginais avec du maquillage, un beau rouge à lèvres qui me rendrait irrésistible aux yeux des businessmans requins que je croiserais. Je souhaitais avoir des seins et des hanches. Je jouais à la maison en pensant qu’un jour je serais vraiment une maman et que j’aurais une maison, un mari, une voiture que je saurais conduire et un chaton qui se loverait sur moi pendant que je lirais un roman plate sur la révolution bolchéviste. Ce que j’aimais chez les adultes, c’est qu’ils savaient toujours ce qu’il faut faire et qu’ils le font avec assurance.

Du haut de mes trois pommes, j’étais une enfant terriblement timide et maladroite. Je me trouvais balourde et moche. Je ne savais pas bien dessiner, je n’écrivais pas bien et je ne savais pas ce que bolchéviste voulait dire. Enfin, c’est un mot tellement comique que c’était sur et certain qu’un jour j’allais lire un roman là-dessus, même si je n’aimais pas lire. J’étais une petite fille solitaire qui rêvait de savoir tout plein de choses et qui s’énervait de devoir tout apprendre. C’est que c’est long apprendre et on doit souvent se tromper pour comprendre, je n’aimais pas ça.

Souvent, je restais à table à écouter les grandes personnes parler. Ils devaient très certainement refaire le monde, car ils parlaient avec conviction et avaient des arguments pour tout. Bon, c’est vrai que ma famille est en partie française, donc les conversations ont toujours été très animées. Les conversations d’adultes n’en sont pas moins assommantes pour un enfant, mais c’est un beau spectacle à voir dans l’œil impressionnable d’une fillette.

L’autre jour, j’étais au volant de ma voiture à un feu rouge. La petite fille de la voiture à côté de moi me regardait. Ses grands yeux bruns scrutaient la femme que je suis devenue. Je lui ai souri et elle m’a envoyé la main. Cette courte interaction m’a rappelé toutes ces femmes qui croisaient mon chemin quand j’étais petite et que je rêve être. Leurs talons hauts qui frappaient le sol à chaque pas, leur chevelure qui volait au vent, mais surtout elles n’avaient jamais des nattes comme moi. Je suis donc maintenant devenue une de ces femmes. Une fois de temps en temps, je m’en rends compte. Quand je me mets du mascara, dans j’achète des talons, quand je me casse la tête devant mon budget et quand j’ai de grandes conversations avec des copains.

Évidemment, je ne suis pas exactement comme les femmes qui hantaient les rêves d’Evely fillette, mais je ne suis pas loin de cette vision. J’aime être cette image (et je suis contente de ne pas avoir la permanente des années 80 que je voulais « quand je serais grande »). J’aime qu’en temps qu’adulte nous sommes ceux qui peuvent changer le monde, même si c’est juste notre petit monde. J’aime que l’on me prenne avec sérieux quand on me rencontre et qu’on écoute les points que je veux faire. J’aime qu’un P’tit Clown me voie comme étant la plus belle des grandes personnes. J’aime être responsable, même si des fois c’est un lourd fardeau. J’aime être une madame et non plus une demoiselle, même si je garde mon cœur de gamine.

Quand je regarde P’tit Clown qui veut monter sur la chaise tout seul ou qui veut utiliser le petit pot comme les grands, bien qu’il n’ait que 21 mois, je me vois en lui. Il a hérité de ce désir d’être comme les grands. Je le vois quand il prend un livre pour faire comme maman qui lit son magazine, quand il joue avec son cellulaire, quand il s’assoit à côté de son papa avec son jouet ordinateur portable et quand il essaie de faire la même chose que les plus grands à la garderie. Je le vois aussi dans ses frustrations quand il n’arrive pas à faire ce qu’il veut parce que sa dextérité n’est pas encore fine, quand son langage le limite dans son expression et quand il ne comprend tout simplement pas encore comme font les grands pour y arriver.

Voyant ce trait de caractère chez mon fils, je me dis qu’il est important de lui faire profiter pleinement de son enfance et qu’il n’a pas à s’inquiéter, il sera bien assez vite plus grand que ce que sa maman voudrait.

2 bouteilles à la mer...:

Caro l'ergo on 16 décembre 2010 à 06:36 a dit…

Nos touts-petits ne cherchent qu'à être autonomes, comme leurs parents... c'est tellement beau de les voir s'épanouir à travers leurs Pourquoi, leurs Comment et leurs exploits.

Ça va tellement plus vite qu'on ne le voudrait des fois... Tu sais, mon bébé n'est plus, il vient d'avoir 3 ans, mais il reste toujours mon bébé!

Evely on 16 décembre 2010 à 20:29 a dit…

@ Caro l'ergo

Trois ans, ouf, le mien va vers son deux et il me semble qu'il va trop vite. Chaque moment est tellement magique et important. Je te comprends quand tu dis qu'il sera toujours ton bébé, je sais que je suis celui de ma maman, malgré mes cheveux gris et mes rides. :o)

 

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