Le 400 mètres

Publié par Evely le jeudi, février 24, 2011
Avez-vous déjà regardé le 400 mètres aux Olympiques ? Les athlètes s’étirent longuement avant le départ. Ils marchent autour du départ, penchent la tête à droite, puis à gauche, s’étirent les bras dans les airs, prennent leur jambe et la ramènent à leurs fesses. Ils font pareil pour l’autre jambe, simulent un départ et sautillent sur place.

Puis, on entend le premier coup de sifflet pour qu’ils prennent leur place sur le départ. Ils mettent les mains par terre, lèvent les fesses bien haut, le genou effleure à peine le sol, l’autre jambe est tendue, les pieds souples, le regard vers la piste.

Ils imaginent le départ, se voient courir tout le tour de la piste, le vent dans le visage, dépassant les adversaires. Ils anticipent les obstacles, les risques et les déconcentrations. On sent la fébrilité dans leur position d’attente. Sur le bout des doigts, l’oreille aiguisée comme un couteau Suisse, prêts à bondir au bruit du sifflet.

C’est comme ça que je me sens depuis le début de l’année. Dans cette position sur la ligne de départ, prête, n’attendant qu’un « go » pour me lancer vers… vers… vers, mais vers quoi enfin ?!

J’ai cette impression d’être sur le bout de ma chaise et que le ciel m’enverra un signe concret de la destination où je dois aller. Bon. Je ne crois pas vraiment que le ciel tient la clef de mon futur. Je tiens la clef de mon futur, mais je ne sais juste pas où elle est même si, pourtant, je sais que je vais l’utiliser bientôt.

C’est une drôle de sensation, comme si un changement immense se produire. Et je sens que c’est quelque chose de positif. En fait, c’est la même sensation que lorsqu’on sent qu’on a oublié quelque chose, mais on ne sait pas quoi… sauf que c’est une bonne impression remplie de positivisme, d’espoir, de rêves et de projets.

Alors, je fais comme les athlètes et je visualise. Je vois mon parcours, j’anticipe les barrières, j’imagine le vent qui soufflera dans le dos et j’ai le goût de foncer. Je me prépare en imaginant l’évolution de ma carrière, en adoptant un meilleur régime de vie, en écoutant ce que mon corps me dit, en m’occupant de ma famille. Indépendamment de cette sensation qui s’est logée dans mes entrailles, je me dis que dans le fond, ma préparation peut seulement être bénéfique à long terme.

Je sens que mon univers est en mouvance et je ne veux pas manquer une occasion qui pourrait être celle que j’attends depuis si longtemps. Mais qu’est-ce que j’attends au juste ? Je pourrais facilement énumérer mes ambitions, mes rêves et mes projets, mais est-ce que cela définirait vraiment ce que j’attends? Cette sensation dont je vous parle est encore plus profonde. Elle est l’essence de ma vie. Ce qui me drive et ce qui me donne espoir.

Un ami a perdu cette sensation il y a quelque temps. Il s’est suicidé. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est vraiment venu me chercher. J’étais triste et je ne comprenais pas. Il était trop jeune, plein de possibilités, plein de vie... même si la vie se cachait sous sa douleur. Trop souvent on oublie que nous sommes les bâtisseurs de notre propre destin et pensons plutôt que nous sommes, en fait, des esclaves dans notre propre vie. Depuis le début de l’année, je cherche à comprendre ce brûlement que j’ai dans le ventre et, à la suite du décès de mon ami, j’en suis venue à une conclusion.

Ce n’est peut-être pas un immense changement qui va m’arriver. En fait, peut-être qu'il ne se passera rien. Il y a de bonnes chances que la vie suive son cours en faisant des petites vagues, mais en étant généralement paisible comme un ruisseau. Cette sensation que j’ai, c’est le goût pour la vie. J’aime la vie. J’aime imaginer la suite de ma vie et philosopher sur le passé. J’aime avoir le vent dans le visage, dépassant mes propres anticipations et mes attentes. J’aime les obstacles, les déconcentrations et les adversaires. J’aime les alliés, les encouragements et les joies des victoires petites et grandes.

J’ai commencé à écrire ce texte au début janvier. Je n’arrivais qu’à faire une ou deux phrases à la fois et je me demandais toujours ce que je cherchais tant. Je me demandais ce qu’est cette sensation d’anticipation positive. Tranquillement, j’ajoutais un peu au texte ici et là en enlevant ceci et cela puis quand j’ai su pour mon ami, je n’y suis plus revenue. Le cœur n’y était pas.

Quelques semaines se sont écoulées, j’ai rouvert mon texte et voici la dernière phrase que j’avais écrite « Mais qu’est-ce que j’attends au juste ? ». Ma seule réponse était: rien. Rien d’autre que la suite. J’espère avoir des beaux mandats au travail, suivre des formations, avoir plus de temps avec P’tit Clown, tomber enceinte, avoir plus d’argent, être moins stressée, être plus en forme, voir grandir ma famille, être toujours amoureuse de Superpapa. Mais dans les faits, je n’attends rien. Rien d’autre que ma vie continue quelque soit mon futur. Et surtout que je sache l’apprécier, même quand rien ne va et que cette sensation dans mes entrailles diminue un peu ou beaucoup, car elle reviendra pour me garder mordue de la vie.

Crédits photo: Licence CC rowens27

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