La petite Evely vs la grande Evely

Publié par Evely le jeudi, mars 03, 2011
Avez-vous peur de tenter votre chance ? Moi, j’ai vraiment peur. Pourtant petite, j’étais tout sauf trouillarde. Avec mon caractère de révolutionnaire et mes principes enfantins, je me serais battue contre vents et marées et même moulins imaginaires. Je ne sais pas quand que je suis devenue froussarde. Pourtant, je savais bien que tout est possible quand on se retrousse les manches et qu’on fonce.

Je ne sais pas, quelque part, quelque chose a fait que je suis devenue pétocharde et routinière. La crainte de perdre ce que j’ai, l’inconnu qu’est le futur, le risque de se casser le nez sur le béton de la réalité. Des fois, je me dis que la petite Evely ne serait pas fière de moi. Elle serait très heureuse que je sois devenue maman, elle ne se pourrait plus de joie à savoir que je suis en amour avec un homme aussi bien que Superpapa, elle triperait de savoir que j’habite dans une maison de schtroumpf à Québec et que je suis allée à l’université et, et, et… Cependant, elle battrait du pied, me regarderait droit dans les yeux et avec son petit accent, elle me demanderait :

« Comment ça, tu n’as pas fait le tour de l’Europe en sac à dos ? »

« Écoute petite Evely, ce n’est pas ce que tu penses. Ça prend des sous pour faire des voyages, tu sais je suis allée à plein de places, j’ai même amené Superpapa en Suisse rencontrer la famille. Je suis allée en Afrique, tu voulais tellement que j’y aille. Eh bien! C’est fait. »

Je la connais, elle reconnaitrait que l’Afrique ce n’est pas rien, mais elle y tenait à ce tour d’Europe en sac à dos. Je lui dirais qu’avec les enfants, quand ils seront plus grands, nous irons et ça leur fera des beaux souvenirs. Elle reprendrait son regard dur, les petites mains sur les hanches :

« Et, comment se fait-il que tu ne travailles pas dans un musée ou dans les arts ? Tu es supposée avoir écrit un roman ou faire du théâtre ! »

« Écoute petite Evely, ce n’est pas facile de se faire engager dans les musées et de réaliser toutes ces choses. Tu devrais plutôt être fière que je travaille fort en ce moment et que je sois appréciée dans mon milieu. Je ne fais pas un X sur nos rêves, mais je me fais une carrière pour pouvoir offrir à ceux que l’on aime tout ce qu’ils méritent et nous offrir à toi et à moi le meilleur pour notre futur. »

Elle n’est pas dupe :

« Tu as pris des risques sûrs. Tu ne voulais pas te mouiller. Tu t’es dit « petit train va loin » et non pas « fonce dans le tas », comme moi j’aime le faire. »

C’est vrai. En sortant de l’université, j’ai commencé comme secrétaire. J’envoyais des C.V. à droite et à gauche, mais c’est difficile de percer quand on n’a pas d’expériences. De plus, je suis très mauvaise pour me vendre. J’ai donc pris un emploi qui m’assurait de pouvoir payer mon loyer. Avec le temps, des occasions se sont présentées et j’ai pris des risques, mais toujours dans un contexte sûr. Quelquefois, j’ai pensé retourner aux études. Plusieurs fois, je me suis dit que je devrais tout lâcher et recommencer, mais j’ai persévéré et j’ai aujourd’hui une petite carrière très acceptable. Je rêve du musée et tout ce que la petite Evely aimait tant, et si un jour je m’y rends, elle pourra me regarder fièrement, car j’y serais parvenue armée d’expériences, de connaissances, de patience et prête à lui transformer son rêve en réalité. Et si je ne m’y rends pas, elle pourra me regarder fièrement en voyant tout ce que j’ai accompli pour notre confort à tous.

J’ai toujours dit que je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Je savais que je voulais aller à l’université, je savais que je voulais voyager, mais quoi faire, je ne savais pas. Aujourd’hui, je sais ce que je veux faire. Je ne suis pas rendue là. Et comme beaucoup de mes copines, j’ai environ quatre ou cinq autres projets en tête que je chéris secrètement. La petite Evely, un peu exaspérée, doit attendre, mais je sais bien qu’elle comprend que je suis une personne qui a besoin de stabilité et d’assurance. Je suis une personne qui se remet souvent en question, mais qui cherche toujours à atteindre son équilibre personnel et son bonheur. Une personne qui ne renie pas qui elle est, mais qui s’adapte à la réalité avec ses obstacles.

On ne se change pas, ni ce que l’on est, ni ce que l’on veut. La petite Evely était une grande rêveuse qui s’imaginait la vie sans toutes les difficultés que celle-ci comporte, mais la petite Evely était aussi très sage et elle savait déjà que dans les rêves se trouvent le début de ce qui pourrait être son futur. Elle a beaucoup rêvé pour me donner plein de possibilités et si aujourd’hui elle me gronde encore de ne pas avoir toujours osé, elle me félicite aussi pour tout ce que j’ai accompli pour elle et moi.

« Tu sais, grande Evely, tu es peut-être devenue une trouillarde adepte de son confort, mais sache que je ne te quitte pas d’une semelle, pour te remettre dans le droit chemin de nos rêves. »

Pfff, ça aurait été quoi de dire merci… petite ingrate coquine !

9 bouteilles à la mer...:

Anonyme a dit…

Joli ce texte...ça me fait penser à ma grande et petite MJ...des fois, je ne sais pas laquelle écouter...

Evely on 3 mars 2011 à 21:24 a dit…

@ Marie-Julie Parent

Si tu es comme moi, la petite est cornue et la grande a des ailes ;o) Je crois que c'est un peu des deux. Après tout elles veulent notre bien

Sébastien Haton on 4 mars 2011 à 06:52 a dit…

C'est un texte vraiment intéressant que tu nous proposes. Je me suis moi-même demandé ce que l'enfant que j'étais pense de ce que je suis devenu...
Et bien, à ma grande surprise, il me semble qu'il est content car j'ai atteint la plupart de ses objectifs (pourtant c'était loin d'être gagné).

Il me semble qu'en écrivant ces lignes, tu nous envoies un message : Mesdames et messieurs, je me rappelle mes rêves d'enfance et je vais sans doute essayer d'en réaliser un ou deux.
Mais oui ! vas-y ! :))

Anik on 4 mars 2011 à 08:14 a dit…

C'est drôle, l'enfant en moi était plutôt raisonnable dans ses buts : famille, maison, bon boulot (quoi que j'étais très carriériste, petite)... Le seul rêve un peu fou que j'avais, c'était de devenir écrivaine célèbre... J'y travaille! Attendez que je vous présente mon premier roman!

@ Seb
Vas-y, je te fais confiance!

Evely on 4 mars 2011 à 19:31 a dit…

@ Seb haton

Je crois que tu as raison. Je refuse de délaisser mes rêves d'enfant.

@ Anik

J'ai hâte de lire ton roman... mais j'espère que tu avances mieux que moi. J'ai un plan global, mais pas un mot sur papier. Remarque que dans les conte pour enfants, je commence à en avoir... je sais juste pas si c'est bon. P'tit Clown continu à m'ignorer quand je les lis ;o)

Caroline (La Belle) on 4 mars 2011 à 20:59 a dit…

J'crois qu'on a toute cette réflexion un jour ou un autre de notre vie... En tout ka, ça me ressemble un peu beaucoup ces temps-ci ;-)

Unknown on 7 mars 2011 à 12:41 a dit…

Wow, je pense que ce texte fait partie de mon top 5 à date ;o) Peut-être aussi parce qu'en ce moment, la petite Padou a beaucoup de conversations avec la grande ;o)
xxx

Evely on 7 mars 2011 à 20:19 a dit…

@ La belle

C'est vrai que c'est le genre de réflexion qui revient à certain moment de notre vie. Je me demande si justement la trentaine n'est pas propice à ce genre de mise au point.

@ Padou

Mercredi dernier quand on jasait, j'avais envie de te faire lire ce billet. Je l'avais écrit il y a quelque temps et avec notre conversation sur la petite Padou, je trouvais que c'était de mise. Je crois que bien que nos vies sont différentes, nos mises aux points sont semblables ou enfin, elles viennent chercher les mêmes questionnement de bases

Marie-Claude on 8 mars 2011 à 10:08 a dit…

Beau texte qui me parle particulièrement ces temps-ci. J'ai renoué avec ma passion longtemps mise au frigo pour de mauvaises raisons (je retourne faire une maîtrise en histoire de l'art). Je me sens beaucoup plus vivante, vibrante et en respect avec ma vraie nature depuis que je me suis permise de renouer avec mes rêves. Je crois que la petite fille en moi est très fière de ce changement de cap :)

 

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