Je suis une travailleuse

Publié par Evely le jeudi, mai 26, 2011
Je suis une travailleuse. Pas carriériste, mais j’ai des objectifs, des attentes et des plans. J’aime devoir prouver que je mérite mon salaire et performer. J’aime les problèmes qu’il faut régler, les risques que l’on court en se commettant dans un projet et la confiance qui se gagne au compte-goutte. J’aime le défi qu’est le travail.

Quand j’étais petite, je savais que je voulais travailler. Je ne savais pas dans quel domaine, mais j’allais travailler. Je savais aussi que j’allais envoyer mes enfants à la garderie. Je n’avais pas dix ans que j’avais pris cette décision sans équivoque.

En fait, j’ai eu une maman à la maison. Elle faisait des activités avec mon frère et moi. Elle prenait grand soin de nous et, après nos siestes, elle était toujours là. Les matins s’étendaient en longueur, car on avait le luxe du temps. Ma maman nous apprenait pleins de petits trucs, la maison était en ordre et les repas prêts à l’heure où il fallait.

Quand je suis entrée en maternelle, je ne savais pas trop comment me faire des amis. Je ne savais pas comment jouer en groupe. Je ne comprenais pas qu’il y avait plusieurs manières de faire une activité et qu’elles étaient toutes bonnes. Je n’arrivais pas à tisser des liens avec ce monde extérieur.

Ça m’a inlassablement suivie. Je me suis toujours sentie un peu à côté de la track et on m’a souvent fait remarquer que j’étais « bizarre ». J’en ai longtemps voulu à ma maman de m’avoir trop couvée. Un enfant, c’est fait pour vivre et découvrir. J’ai longtemps pensé qu’elle nous avait égoïstement gardés juste pour elle.

Bien sûr, les choses ne sont jamais en noir ou en blanc. J’ai compris avec le temps pourquoi elle nous avait gardés à la maison jusqu'au préscolaire. Ma maman voulait nous prolonger le plaisir de la petite enfance le plus longtemps possible. Puisque Frérot grano n’a jamais eu de problèmes à se faire des amis, elle ne pouvait pas se douter que ça me causerait un choc de découvrir le monde extérieur à cinq ans.

J’ai toujours dit que j'allais envoyer mes enfants à la garderie. S’ils sont comme moi, ça va leur servir de s’habiliter aussi jeune que ça. Je suis contente que mon fils sache s’adapter à une situation sans se sentir déstabilisé chaque fois. Je me vois dans ses manies gauches, dans ses craintes, mais aussi dans tout l’amour qu’il donne aux autres (parfois trop intensément). Je me vois aussi dans son goût pour la découverte. Timide et trop conscient de lui-même, je me revois me demandant comment les autres arrivaient si facilement à s’ouvrir les uns aux autres sans avoir peur de se faire mal.

Mon choix sera toujours discutable aux yeux de certaines personnes et c'est correct. Chacun ses opinions. J’aime ce que je fais. J’aime le message d’accomplissement personnel que j’envoie à mon enfant. J’aime qu’il découvre qu’il n’est pas seul. Que la vie est un jeu, un jeu qui ne favorise pas toujours notre petit pion. Je veux qu’il reste enfant le plus longtemps possible, mais être enfant ne veut as nécessairement dire être loin de la réalité.

Nous avons eu une rencontre de bureau dernièrement. J’étais fière d’en faire partie. Je suis une maman travailleuse et j’y crois, en sachant que c’est ce qui convient à ma famille. Je félicite toutes celles qui restent à la maison et qui sont bien dans leur choix. Le fait est qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises manières de faire les choses, juste plusieurs manières d’essayer d’atteindre les mêmes objectifs.

Je suis une maman poule qui prend grand soin de son fils. Après tout, j’ai appris de la meilleure. J’aimerais bien une journée de congé de plus par semaine pour arriver à tout concilier, mais à défaut de l’avoir, je sais que ma petite tribu aime la vie et y participe pleinement.

Crédits photo : Licence CC Guillaume Lemoine

5 bouteilles à la mer...:

Caro l'ergo on 26 mai 2011 à 20:18 a dit…

Evely, c'est un sujet qui génère tant de discussions... Moi aussi, je suis une travailleuse. Mes enfants vont à la garderie et souvent je les y amène lors de ma journée de congé. Pourquoi je les garderais à la maison pendant que je fais le ménage ou que je les amèneraient faire l'épicerie quand ils peuvent jouer avec des amis ?

Bravo pour ton billet. Tu démontres bien que dans toutes situations a du bon et du moins bons...

À chacun de trouver la bonne intensité ou une situation acceptable pour lui.

Unetelle on 27 mai 2011 à 09:13 a dit…

Très beau témoignage. Il me rejoint tellement.

Catherine Paradis on 28 mai 2011 à 08:29 a dit…

J'ai vécu la même chose et je me suis moi aussi toujours sentie à côté de la «track». J'ai d'ailleurs écrit dernièrement un billet sur la peur des autres, la difficulté à entrer en relation avec les autres avec laquelle je vis. En lisant ton billet, je me rends compte qu'il y a probablement une partie de cette peur qui vient du fait que ça m'a pris du temps avant d'entrer en relation avec d'autres enfants.

Evely on 28 mai 2011 à 23:59 a dit…

@ Caro l'ergo
" À chacun de trouver la bonne intensité ou une situation acceptable pour lui "

Comme c'est bien dit

@ Unetelle
Je suis contente de savoir que je ne suis pas seule

@ Capara
ouf, je te comprends tellement

Caroline (La Belle) on 31 mai 2011 à 22:33 a dit…

C'est beau de te lire, ça me réconcilie car je suis moi aussi une maman travailleuse et j'aime ça!

 

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