Le bon choix

Publié par Evely le jeudi, juin 28, 2012
Nos choix définissent qui l’on devient, qui l’on est. Quand j’ai fini mon cégep, je me suis inscrite dans deux universités. L’UQAM en histoire de l’art et à l’Université Laval pour faire un BAC multidisciplinaire. Au grand dam de ma maman, j’ai choisi Québec. Elle ne voyait pas ce que ce BAC m’apporterait. En plus, il fallait que je sois complètement financièrement indépendante et que je paie mon appartement alors qu'à Montréal, j’avais un toit et des amis. Elle disait aussi que la métropole offrait plus de possibilités d’emplois. Elle avait raison, le BAC ne m’a servi à rien. Et bien que je lui aie dit que je reviendrais une fois mes études terminées, je ne suis jamais revenue.

À la fin de mes études, j’avais encore des choses à prouver, alors je suis restée. Puis je suis tombée amoureuse et finalement je me suis retrouvée avec une carrière qui n’a rien à voir avec l’art, mais qui me comble. J'ai aussi une petite famille qui me comble encore plus.

Cependant, il m’arrive de me demander ce que ma vie aurait été si j’étais restée. Serais-je devenue professeure d’histoire de l’art comme je le souhaitais ? Est-ce que j’aurais des enfants et un amoureux aussi bien que ceux que j’ai ? Est-ce que j’aurais gardé contact avec mes copines ? Est-ce que j’aurais voyagé davantage ? Évidemment, je ne le saurai jamais. Et je n’ai pas de regrets face à ce choix. J’ai des regrets face à bien d’autres, mais pas celui-là. Au contraire, je pense qu’au bout du compte, c’est le meilleur choix que j’ai fait. Bon, j’ai eu des années sombres pour me rendre jusqu’ici. J’étais déprimée et esseulée. Je n’avais pas le sou et j'avais peu de confiance en mes moyens. Il y a à peine dix ans de ça, j’aurais ri d’incrédulité si on m’avait dit qu’à 35 ans je vivrais le parfait bonheur.

Probablement que ma vie n’aurait été ni meilleure, ni pire si j’étais restée à Montréal. Je serais assurément une version très similaire de moi en ce moment. Il reste que je suis contente d’avoir fait le « mauvais choix ». Je dis le mauvais choix, car c’était un choix pour ma carrière et ces études n’ont pas abouti comme je l’imaginais.

Parfois, je m’assois sur ma galerie. À la place de regarder les étoiles dans le ciel ou le jardin qui renait avec l’été, je regarde au travers de ma porte-patio. Je regarde ma petite table à café dans la cuisine et la salle à manger juste en arrière. Je regarde mes bibliothèques pleines de livres avec ses deux étagères réservées aux livres des enfants et aux jouets. Je vois chaque meuble et leur histoire. La table que Padou m’a donnée, les chaises IKEA qui m’ont causé une rage à assembler. Le tapis que maman m’a offert parce que le plancher d’un de mes appartements était horrible et les figurines de Buzz et de Woody qui trainent sur le plancher. Je regarde le mur que je voudrais repeindre et la céramique de la cuisine qui est faite tout croche par le bricoleur amateur qu’est Superpapa. Alors que je vois ma vie dans cette petite maison de Schtroumpf, je me rends compte combien mes choix ont défini qui je suis aujourd’hui.

Je manque encore terriblement confiance en moi. Je suis toujours aussi anxieuse. J’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur. J’ai toujours l’impression que j’ai quelque chose à prouver. Sauf, que je suis devenue une maman et une femme qui a une carrière florissante. Mais je suis aussi l’amoureuse de Superpapa et je suis heureuse d’avoir eu mes moments de noirceur pour atteindre ce moment-ci qui me semble si proche de la perfection.

Chaque jour, de nouveaux choix me définissent. Je dois leur faire face. Je sais que celui qui a été le plus gros et qui aurait pu être le pire des choix en est devenu le meilleur. Alors quels que soient les choix que je ferai désormais, je sais, sans l’ombre d’un doute, qu’ils m’amèneront là où je dois aller pour être heureuse.

Crédit photo:  © Evely

3 bouteilles à la mer...:

Anonyme a dit…

Quel beau texte ce matin ,pour débuter ma journée!!

Sara on 1 juillet 2012 à 20:51 a dit…

Je me pose régulièrement les même questions, mais le plus fascinant, c'est de se demander quelles décisions pendront nos enfants et où elles les mèneront.

Marie-Claude on 8 juillet 2012 à 18:47 a dit…

Très beau billet qui me touche de près. Ça doit l'effet que donne une formation en arts ;) Merci du partage!

 

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