Comment on a brisé notre P'tit Clown

Publié par Evely le jeudi, février 03, 2011
Les petits accidents font des gros bobos, mais pas toujours juste à ceux qui ont mal. Les accidents ont des effets surprenants. Ils nous permettent de découvrir en nous des forces insoupçonnées. Il y a un peu plus d’un mois, nous nous sommes présentés à l’urgence en pensant qu'on avait brisé notre P’tit Clown.

C’était un samedi, quelques semaines avant Noël. Nous avions proposé à Vieille Copine de garder son bébé J pendant qu’elle allait au party de Noël de son bureau. Pendant toute la journée, j’avais fait du ménage. Le lendemain c’était LA journée où j’allais faire le sapin de Noël. Superpapa et moi avions tout fait en un jour : ménage, lavage, épicerie et j’en passe! P’tit Clown nous avait joyeusement accompagnés et même aidé. Vers 15h, Superpapa me propose d’aller prendre ma douche pendant que lui et P’tit Clown iraient à la S.A.Q. Nous allions recevoir Padou à souper, alors il fallait bien l’accueillir avec un bon petit rouge.

Pendant que j’abusais de l’eau chaude pour relaxer, j’ai entendu P’tit Clown et Superpapa rentrer. P’tit Clown pleurait. Je me suis dit qu’après une journée aussi chargée, c’était normal. Superpapa a cogné à la porte de la salle de bain. Il ne fait jamais ça. Il a passé le nez dans le cadre de porte et m’a dit d’une voix tremblante : « Je pense que j’ai vraiment fait mal à P’tit Clown. »

Dans son regard il y avait tellement de peur que je n’ai pas pris le temps de me mettre une serviette autour de la taille. Je suis descendue à la cuisine. P’tit Clown regardait dans le vide. Son visage était pâle et des larmes coulaient sur ses joues. Je me suis approchée de lui. « P’tit Clown, tu as bobo?» Il a répondu oui en faisant un grand signe de tête de haut en bas. En sourdine dans le brouhaha, Superpapa m’expliquait ce qui s’était passé en essayant de contrôler son affolement. J’ai effleuré le bras droit de P’tit Clown qui ne bougeait pas. Il s’est mis à crier. Superpapa à pleurer.

C’était de sa faute disait-il. Superpapa n’arrivait pas à y voir clair. Il tournait en rond et n’arrêtait pas de dire que c’est de sa faute. J’ai pris une grande respiration. « Appelle Padou pour qu’elle vienne tout de suite, ensuite appelle Vieille Copine pour qu’elle sache ce qui se passe. Dis-lui que Padou va garder bébé J jusqu’à notre retour de l’urgence. Je vais m’habiller et on part ».

Superpapa n’arrivait pas à être clair dans ce qu’il disait aux deux filles, mais elles ont à peu près compris la situation. En fait, il n’arrivait même pas à se préparer pour qu’on parte. Je lui criais depuis la chambre à coucher en enfilant mon pantalon : « Couches, gobelet d’eau, barre tendre, suce, toutou… Est-ce que j’ai dit couche? N’oublie pas la carte soleil… Ah non, c’est vrai c’est moi qui l’ai! »

Mon cœur se s’est fendu quand j’ai mis le manteau de P’tit Clown sur son épaule et qu’il criait de douleur. Mon cœur s’est fendu encore plus quand on l’a mis dans son banc d’auto et que ses sanglots résonnaient dans le froid de décembre. Superpapa était rouge et il pleurait. Moi, je suis arrivée à garder une certaine distance. Je me suis assise avec P’tit Clown et je lui caressais la joue tout en disant à Superpapa qu’il est un bon père et que c’était un accident.
Une fois à l’hôpital nous avons vu une première infirmière qui a évalué la gravité de notre cas. La salle d’attente était pleine, même pour un samedi 15h30. Mais, au moment, où je me suis rassise avec P’tit Clown à la suite du triage, une voix dans l’interphone nous a demandé d’aller dans la salle d’examen.

On se plaint toujours de l’attente dans les urgences. J’y ai moi-même passé plus de 6 heures pour une douleur aiguë au pied un an plutôt. Sauf que, je vous le dis, je vous le jure, rien n’est pire que de se faire appeler en salle d’examen quand on vient à peine d’arriver. Quand on marche dans le corridor qui mène à la pièce et que l’on réalise que l’on a passé devant le gars qui a un doigt dans un bol de glace, la madame avec un sac à sa bouche qui sent le vomi, le petit garçon qui pleure en continu depuis des heures et tous les autres que l’on a pas eu le temps de remarquer, on se rend compte que notre cas est une vraie urgence et que le P’tit Clown qui sanglote silencieusement dans nos bras souffre vraiment beaucoup.

Superpapa a expliqué au médecin qu’il avait voulu aider P’tit Clown à monter la marche de béton qui est devant la porte d’entrée en lui tenant le bras, mais que P’tit Clown avait manqué son élan et que son bras avait craqué. J’avais des frissons en imaginant la scène…

Superpapa avait des grosses larmes dans ses yeux. P’tit Clown se lovait tant bien que mal dans mes bras et le médecin nous souriait avec un petit air moqueur. « Vous lui avez disloqué le coude, c’est le - Bras de la gardienne- » qu’il nous dit tranquillement. Il semblerait que c’est une chose commune, mais très douloureuse. L’adulte tire l’enfant alors que l’enfant va dans l’autre sens et pock!, le coude se disloque.

Il a pris le bras de P’tit Clown qui est devenu aussitôt rouge comme une tomate. Il l’a tourné dans tous les sens dont certains que normalement le bras ne tourne pas. P’tit Clown criait de toutes ses forces et qui frissonnait contre moi de douleur. J’ai finalement senti un tonck dans son bras de P’tit Clown. Le médecin nous dit qu’il reviendrait dans dix minutes, mais que tout était beau. Il nous a fait un autre grand sourire.

P’tit Clown me collait très fort. Très tranquillement sa petite main droite s’est mise à bouger, puis il la levée jusqu’à mon visage. Il souriait. Superpapa a commencé à se calmer. On avait réparé notre P’tit Clown. Il n’était plus brisé. Un peu fragilisé, beaucoup chaviré, mais raccommodé!

Normalement, je perds la tête quand il arrive quelque chose à P’tit Clown. Normalement, j’aurais pleuré et paniqué. Normalement c’est Superpapa qui m’aurait raisonnée en me disant que je suis une bonne maman. Cette fois, ça a été le contraire. Je me suis surprise à rester stoïque devant la situation et à ne pas paniquer même si je voyais déjà P’tit Clown en plâtre pour le temps des Fêtes. Superpapa avait besoin de moi, P’tit Clown avait besoin de moi, alors je me suis présentée au bâton pour mon équipe.

Sur le chemin du retour, j’ai regardé Superpapa qui avait retrouvé son calme. Je lui ai dit « Tu vois, c’est pour ça que nous allons bien ensemble. Quand il y en a un qui panique, l’autre se montre fort. Je suis contente d’avoir été forte ce soir pour toi et P’tit Clown et je sais que tu le seras pour moi quand j’en aurais besoin ».

Superpapa me l’a confirmé, mais m’a demandé tout de même de ne pas faire exprès.

Crédits photo: Licence CC RambergMediaImages

11 bouteilles à la mer...:

Catherine Paradis on 3 février 2011 à 08:42 a dit…

Vous vous complétez effectivement très bien. Imaginez le temps que vous auriez pris pour vous rendre si vous aviez été les 2 pris de panique. ;)

Nous avons nous aussi connu le fameux coude disloqué alors que nous attendions à l'urgence pour notre fille. Mon chum avait essayé de la retenir pour ne pas qu'elle tombe. Par contre, nous avons du attendre 1h30 avec une petite cocotte qui avait 18 mois et attendait déjà depuis plusieurs heures...

Petit conseil: Faire très attention car quand c'est arrivé une fois, il y a plus de chance que ça se reproduise. Important de bien aviser l'entourage car parfois pour jouer les adultes ont tendance à tirer les bras sans s'en rendre compte. Ça nous est arrivé 1 mois après la première dislocation, un ami de mon chum qui ne savait pas a voulu la faire sauter et ça s'est redéplacé.

Éléonore on 3 février 2011 à 10:58 a dit…

j'ai eu les larmes aux yeux en te lisant.
C'est vrai qu'il faut être complémentaire.
Nous,un jour, manzelle photographe était petite et elle c'est ouvert la peau du crane à l'épicerie (on voyait l'os) j'ai été très calme, mais fallait pas me demander l'aller dans la salle de chirurgie faire les points, niet ! Alors que papa a tellemnt eu de points dans sa vie qu'il était à l'aise avec ça.

En passant anecdote comme cela, manzelle photographe petite avait une costume de bain avec un trou de peau dans le dos, donc le trou grillait. Un jour pour une ottite à l'urgence le donc voit le grillage et laisse clairement voir qu'il croit que c'est un bleu et demande si manzelle a reçu un coup ! (lire a-t-elle été frappé ?) je sais qu'il faisait sa job, d'ailleurs vous aussi il aurait pu faire ce genre de remarque, je vous jure que ça choque en titi !!!

Evely on 3 février 2011 à 21:12 a dit…

@ Capara

1h30 Oh mon dieu, je ne veux pas imaginer. Merci pour le conseil, en effet nous avons prévenu tout le monde.

@ Élénore

Je me suis aussi demandé si on allait penser que nous faisions volontairement du mal à notre fils, mais le médecin nous a dit que lui-même a fait le coude de la gardienne à son fils... deux fois.

Maman à bord on 3 février 2011 à 21:25 a dit…

Moi aussi j'ai eu les larmes aux yeux en te lisant (j'étais très empathique à votre douleur!)
J'ai appris quelque chose, car c'est la première fois que J'entends parler de cette dislocation. Par chance, le médecin a pu réparer votre p'tit Clown! Tout est bien qui finit bien!Ouf!

Unknown on 4 février 2011 à 06:21 a dit…

Mais quelle histoire... Déjà avec ce titre, on est un peu mal à l'aise.

Merci de nous partger cette mauvaise aventure pcq la vraie vie, c'est aussi des accidents bêtes comme celui-ci.


Bravo aussi pour la belle fa,ille , le couple fort, complémentaire et uni.

*Vous êtes tombés sur un md compréhensif et empathique, ça aussi, c'est bon!

French Lily on 4 février 2011 à 06:48 a dit…

Ouf! Je comprends tellement comment se sentait Superpapa! J'ai fait la même chose en dansant avec ma fille...! Je la tenait par les bras pour la faire "voler" dans les airs... À l'urgence, j'ai eu droit au même sourire en coin et l'infirmière a passé plus de temps à me consoler qu'à soigner ma fille ;)

Ça pourrait se reproduire (deux autres fois pour nous alors qu'elle ait joué avec nos amis) mais en vieillissant, tout se replace et son bras redeviendra "normal" :)

Caro l'ergo on 4 février 2011 à 07:29 a dit…

Il y a des histoires banales qui tournent au drame, puis d'autre qui nous font réfléchir et constater de grandes choses...

La complémentarité dans un couple est essentielle et une chose qui me surprend toujours c'est comment on réagit en situation d'urgence (imprévisible)...

Lorsque mon fils s'est brisé les dents, je me suis surprise à coordonner la situation avec sang froid... puis 4 heures plus tard, lorsque nous sommes revenus à la maison et que mon fils s'est endormi, j'ai croulé sous la pression...

L'être humain est fort lorsqu'il a besoin de l'être, on y trouve en soi les ressources nécessaires! Tu n'avais pas le choix de prendre le contrôle, SuperPapa était en train de le perdre! ;)

Sébastien Haton on 4 février 2011 à 07:40 a dit…

Quelle histoire !
Je ne suis pas autrement surpris que l'un panique et que l'autre contrôle. Il me semble que c'est une constante dans un binôme quand il arrive ce genre de catastrophe.
En tout cas, chez nous, il y en a toujours au moins un des deux qui garde son calme... et ce n'est pas toujours le même :))
Sauf une fois... mais heureusement, tout va bien.
s.

Jane on 4 février 2011 à 09:47 a dit…

Ouf... que ça dut être difficile de voir ton enfant "brisé". Une chance que vous étiez deux... c'est plus "supportable"... Je ne peux m'imaginer le courage qu'il t'a fallu pour être calme!
xoxo

Evely on 4 février 2011 à 19:48 a dit…

@ Maman à bord

J'avoue que quand le médecin nous a dit ça j'ai eu un petit sourire. Je voyais très bien l'image de la gardienne qui tire et de l'enfant qui ne veut rien savoir. :o)

@ Mamanbooh

C'est vraiment chouette quand un médecin te met en confiance, il faut que j'avoue que j'ai une chance pas croyable pour ça. Je tombe toujours sur des perles. Cependant, je ne peux pas en dire autant des infirmières, mais bon, c'est mon expérience perso aussi.

@ French Lily

Je dois dire, je comprenais tellement la réaction de Superpapa. Je me serais dit la même chose et je me serais sentie toute petite aussi. Pour te dire, normalement il lit mes billet et celui-ci, il refuse de le lire, c'est trop difficile pour lui.

@ Caro l'ergo

En fait, revenu à la maison on a ouvert la bouteille de vin et c'est pas mal Superpapa qui a bu... je le comprenais, quand les nerfs prennent le dessus... Je me suis aussi levé le lendemain pour qu'il puisse dormir un peu plus et relaxer

@ Seb Haton

Il ne faudrait pas que les deux ont panique... on est deux émotifs, angoissés. Je te dis pas les peurs qu'on se fait pour des riens... Par chance dans ton cas aussi tout fini bien :o)

@ Jane

En toute franchise, j'aimerais bien prendre le crédit de mon calme, mais je ne peux pas, c'était quelque chose qui arrive rarement chez moi, mais je crois que quand ça arrive c'est comme un surplus de calme qui ressort et je pourrais déplacé des montagnes... bon j'exagère à peine ;o)

Sébastien Haton on 6 février 2011 à 07:07 a dit…

C'est aussi une question de vases communicants :)
Dans un groupe de deux, la panique de l'un induit en partie le self-control de l'autre...
Dans une foule, c'est le contraire, sauf dans les films :)
séb

 

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