Ces parents qui me touchent

Publié par Evely le jeudi, janvier 19, 2012
J'ai reçu le Châtelaine par la poste au début janvier. Je feuillette les pages quand je tombe sur cette photo d’un couple qui tient dans leurs mains un toutou girafe. Ils sourient à la caméra et semblent en paix et heureux. Je lis le début du reportage. Ça disait un truc dans le genre : "Ces parents qui reviennent de l’hôpital les mains vides". J’ai fermé la revue. Je n’ai pas le cœur de lire leurs histoires. Autant que ça me touche profondément quand un parent perd son enfant, autant que là, enceinte, je n’arrive pas à lire ce reportage.

Je ne veux pas savoir que l’on survit à la perte de son enfant. Je ne veux pas imaginer la bassinette vide au retour de l’hôpital. Je vois trop bien tous ces préparatifs qui ne servent plus. Tous ces petits morceaux de linge qu’on a tendrement lavés, pliés et que personne ne portera. Je ne veux pas savoir que le nom de l’enfant était choisi. Ça me fait trop mal.

Est-ce que cela vient du fait que je suis enceinte ? Que je sens mon P’tit Singe me donner des coups dans le ventre, que j’ai choisi la peinture pour sa chambre, qu’on parle de lui comme s’il était déjà là ? Probablement, mais aussi parce que je trouve ça trop cruel et trop injuste. On désire un enfant bien avant sa conception. L’idée monte en nous, nous charme et nous envahit tout doucement. Puis ce moment où les deux lignes se font sur le bâton. La joie démesurée que nous ressentons dans la salle de bain. Et l’annonce que nous faisons à la famille, aux amis, au monde entier comme si personne auparavant n’avait vécu un aussi grandiose moment. Et là, tout perdre. Perdre son enfant.

J’ai suivi et pleuré l’histoire d’Anne-Marie Lecomte. Il y a moins d’un an, son fils s’est enlevé la vie. J’ai pensé à mon P’tit Clown tout plein de vie du haut de ses deux ans. Je me suis dit que son fils devait être comme ça lui aussi à deux ans. Je me suis dit que la vie est fragile. Que si on a la santé physique, on n’est pas pour autant invincible. Je l’ai lu alors qu’elle criait son mal. Son enfant qui n’est plus et elle qui doit continuer. C’est trop cruel et trop injuste.

J’ai une copine qui a fait une fausse couche. Elle était à son premier trimestre, mais elle en a souffert. Elle a refusé de nous voir pendant son deuil. C’est qu’on est trois filles enceintes de notre deuxième. Nous avons toutes les bedons ronds. Toutes à ne parler que de ça. Quand elle a eu le courage de nous dire qu’elle n’avait pas la force de nous voir, j’ai fondu en larmes. Je la comprends. Peu importe à quel trimestre qu’elle était, elle avait son petit bébé et elle l’a perdu. J’aurais été comme elle, je le sais.

Je me souviens toutes les nuits où je suis allée voir si P’tit Clown respirait alors qu’il n’était qu’un poupon. Je détestais la marche entre ma chambre et la sienne. Au beau milieu de la nuit, j'imaginais le pire parce qu’il dormait depuis longtemps. Très longtemps, trop longtemps. Chaque fois que je voyais son torse se bomber sous sa respiration, je pensais à ces parents qui eux n’ont pas eu cette chance.

La vie est fragile. Je la sens dans mon ventre qui fait tout pour se créer et être forte. Je n’ai pas lu le reportage de ces parents sans bébé. Je n’ai pas besoin de le lire, car je souffre pour eux. Je sais qu’ils ont trouvé un moyen pour continuer et avancer. C’est ce qu’on ferait tous, mais je ne veux pas le vivre, je ne veux pas savoir qu’on survit à ça.

P.-S. Ne vous en faites pas. Je sais que ce que j’écris n’est pas de mon usuel jojo, mais je voulais vous partager cette réflexion. Elle est avec moi depuis la naissance de P’tit Clown, elle me garde en alerte et elle me rappelle la chance que j’ai. Elle me pousse à profiter de ma vie et des vies de tous ceux qui m’entourent.

Crédit photo: Licence CC bzhmatth

7 bouteilles à la mer...:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ton texte ce matin...il me touche,il brasse notre fibre maternelle et notre compréhension entre femmes. À ma première,nous sommes revenus les mains vides...mais au moins 2 mois plus tard elle était avec nous à la maison ''pétante de santé''.

Pomme Cerise on 19 janvier 2012 à 11:12 a dit…

C'est tout à fait normal de ne pas vouloir le savoir, de pleurer pour ces familles. Enceinte, nous protégeons ce petit être dès l'apparition de la ligne rose. Nous ne voulons pas savoir ce qui arrive ailleur... ce n'est pas égoiste. Juste l'intinct de survie, d'après moi!
Bonne fin de grossesse!!

vanessa a dit…

Oh que ce billet me touche! Je suis également enceinte de mon deuxième et je connais le tourment de la marche jusqu'à la chambre de mon premier les matins où je me suis réveillée avant lui et l'anxiété d'une douleur inconnue durant la grossesse. J'ai lu un article sur les enfants atteints de maladies incurables et qui sont en soins palliatifs et j'ai pleuré toute la journée! Je me suis promise de ne plus rien lire sur le sujet au moins jusqu'à la fin de ma grossesse. Bref, je pense comprendre comment tu sens, et je te souhaite une super belle grossesse sans complication et un beau bébé rose a ramener a la maison !

Prune on 19 janvier 2012 à 13:00 a dit…

J'ai raté un épisode je crois... ça craint. Je ne me souvenais plus pour toi c'est chouette... et ui il faut se préserver tout en ne se voulant pas la face. Mais pour avoir vécu des choses dures dans ma famille et chez des amis proches la vie nous rattrape et elle recommence à être belle... LA vie quoi ! Bonne grossesse, enjoy !

La Prétentieuse on 19 janvier 2012 à 18:51 a dit…

Que dire de plus?

Unknown on 19 janvier 2012 à 20:01 a dit…

Quel bon réflexe que de fermer la revue...

Je pense que c'est tout simplement normal pour toi et complètement insurmontable pour ces parents.

Et oui, la vie est si fragile...

Evely on 19 janvier 2012 à 22:41 a dit…

@ Marie-Jeanne
La semaine dernière nous avons eu peur que bb se présente trop rapidement. Je suis seulement à la 27ième semaine. J'ai imaginé mon fils prématuré dans un incubateur. Ça du être tellement brise coeur ce deux mois. Je suis contente de savoir qu'elle est pétante de santé.

@Pomme Cerise
Je pense que tu as raison, c'est l'instinct de survie. Merci

@ Vanessa
Je suis contente de voir que je ne suis pas seule. Je te souhaite une bonne fin de grossesse.

@ Prune
Eh oui, mon souhait d'avoir un deuxième bb s'est réalisé. Je pense aussi que la vie est belle et qu'elle est plus forte que tout le reste.

@ La Prétensieuse
Entre toi et moi, je garde mon Châtelaine pour après ma grossesse. C'est peut-être niaiseux, mais par respect pour ces parents, je vais lire leurs histoires et probablement je vais pleurer, mais je trouve qu'au travers ce qu'ils ont vécu, c'est le minimum que je peux faire.

@ Mamanbooh
La vie est si fragile, mais tu fais parti des gens qui me démontre que tout est possible et que le soleil continue à briller.

 

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