On s’attendait à ce que P’tit Clown fasse une réaction au fait d’avoir un petit frère. Ce à quoi on ne s’attendait pas, c’est qu’il fasse cette réaction avant même que le nouveau venu arrive.
Depuis quelques semaines, je prépare P’tit Clown à l’accouchement. Je lui ai expliqué qu’il va aller faire dodo chez grand-maman et grand-papa pour deux jours. Je lui ai dit que maman et papa allaient aller à l’hôpital et que petit frère serait là. Puis qu’il viendrait nous visiter à l’hôpital et que deux jours plus tard, nous allons tous revenir à la maison.
Puis, vendredi passé est arrivé. Nous étions tous à la maison. P’tit Clown et Superpapa avec des vilains rhumes et moi, avec mon bedon rond. P’tit Clown a mal commencé sa journée. Une première punition. Puis une deuxième et une troisième. À la fin de la journée, on s’est demandé si on ne nous avait pas échangé de fils pendant la nuit. Le lendemain, il était aussi pire. Ce n’était pas juste de la fatigue due au rhume, quelque chose se passait.
En refaisant les pas des dernières heures, je me suis rendu compte qu’il me répétait souvent, très souvent, qu’il m’aime. Il le dit souvent, mais pas aussi souvent que ça. Je me suis donc rendu compte que son comportement était en fait un appel d’attention. Samedi soir, je me suis assise avec lui avant le dodo. Je lui ai dit qu’il est mon P’tit Clown à moi et qu’il a une grosse place dans mon cœur. Et petit frère, qu’il me demande. Petit frère sera un petit acrobate ou un petit trapéziste, mais il y a un seul P’tit Clown et je le veux tout près de moi. Dans mes bras et sous une pluie de mes bisous.
Dimanche a été plus facile. Le soir, après la chanson, il me dit «Maman, parle-moi ». Je savais qu’il voulait que je le réconforte encore un peu. Je lui ai donc dit que mon cœur a de la place pour toute la famille; Superpapa, P’tit Clown et petit frère.
Lundi, nous étions de retour à la vie plus normale avec beaucoup de « je t’aime, maman ». En fait, la vie est presque normale, car mon cœur de maman est complètement en morceau. Je sais bien que P’tit Clown s’adaptera à la vie avec son petit frère, mais je me sens toute croche qu’il soit si angoissé par son arrivée. Il ne semble pas jaloux pour l’instant, juste incertain de sa place. J’aurais le goût de le prendre dans mes bras à chaque seconde et de lui dire qu’il n’a pas à s’inquiéter, que je l’aime tellement fort.
Un jour, quand il sera plus vieux, je lui raconterais qu’en une fin de semaine, il m’a chaviré comme jamais personne ne l’avait fait auparavant. Je sais que tout ira bien, mais ce petit clown est définitivement le fils de ses parents, à être aussi anxieux. Un P'tit Clown qui s'inquiète du futur et de sa place dans le monde, comme sa maman qui a toujours un peu peur de l'imprévu et qui sent qu'elle doit toujours faire ses preuves, même quand elle les a faites.
Crédit photo : ©Tatiana nyanko